le Lundi 13 janvier 2025
le Dimanche 22 Décembre 2024 10:00 Actualités

La santé publique mondiale: vers 2025

  Photo : gcasasola / PxHere / CC0 1.0
Photo : gcasasola / PxHere / CC0 1.0
Traditionnellement, la santé publique est le parent pauvre des budgets de santé, qui font plutôt la part belle aux hôpitaux et aux traitements. Mais la santé publique, c’est pratiquement tout ce qui se passe avant qu’on soit hospitalisé ou avant qu’on ait besoin d’un traitement. En 2024, quels étaient les signaux d’alarme qui suscitaient des craintes pour 2025?
La santé publique mondiale: vers 2025
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Dengue, mpox et grippe aviaire

Principales alarmes à court terme : les épidémies. À l’évidence, les services de santé ne voudraient pas être confrontés à une nouvelle épidémie mondiale, si peu de temps après la précédente. C’est pourquoi un grand nombre d’experts ont observé attentivement, en 2024, l’évolution du virus de la dengue et du virus mpox. 

Dans les Amériques, on a rapporté 12,6 millions de cas de dengue pendant les 11 premiers mois de l’année, contre 4,6 millions de cas en 2023, selon l’Organisation panaméricaine de la santé (PAHO). Cela s’est traduit par 21 000 hospitalisations et 7700 décès. Quelque 90% des cas étaient dans quatre pays: l’Argentine, le Brésil, la Colombie et le Mexique. Des campagnes de vaccination ont été entreprises dans les deux premiers, mais les vaccins actuels n’ont qu’une efficacité limitée. 

 

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Le virus qui provoque une fièvre —la fièvre dengue— est transmis par des moustiques. Et si la maladie est endémique à ces régions depuis longtemps, les moustiques semblent avoir progressivement élargi leur territoire depuis une vingtaine d’années, grâce au climat plus chaud. On n’explique toutefois pas ce qui a provoqué cette soudaine explosion en 2024. Mais le résultat est que, plus au nord, on remarque de plus en plus de touristes qui reviennent chez eux après avoir contracté la fièvre en question.

Quant aux cas de mpox, ils sont beaucoup moins nombreux —60 000 cas confirmés en Afrique pour les 11 premiers mois de l’année. Mais ce chiffre confirme que la maladie poursuit son avance, et qu’elle continue d’être souvent signalée, quoiqu’à plus petite échelle, en-dehors d’Afrique —un fait qui avait incité l’Organisation mondiale de la santé à décréter une première alerte en 2022, puis à la suspendre en 2023, puis à la réactiver en août dernier

Le vaccin contre la variole semble protéger adéquatement, et de nouveaux vaccins pourraient arriver en 2025. Mais encore faut-il qu’ils soient disponibles dans les régions les plus touchées, et c’est là qu’il y a un manque en matière de santé publique: les autorités des principaux pays africains touchés n’ont de cesse de rappeler depuis deux ans que les approvisionnements laissent à désirer. 

Enfin, il y a la grippe aviaire : on parle ici d’une échelle minuscule, en comparaison des deux maladies précédentes —une soixantaine de cas jusqu’ici— mais c’est une souche de la grippe qui, il y a quelques années seulement, ne se répandait même pas chez les mammifères et qui, depuis, a infecté des dizaines d’espèces, dont en particulier des vaches. Et c’est à ces dernières qu’on doit la majorité des cas humains. 

Rappelons par ailleurs, pour ceux qui en doutent, que la COVID circule toujours. Il y a même eu une nouvelle vague d’infections aux États-Unis au cours de l’été. Une version remise à jour des vaccins a été approuvée dans ce pays en août. 

Les chaleurs extrêmes, un problème de santé publique

Comme l’expansion de la fièvre dengue le rappelle, le réchauffement climatique  augmente les risques de certaines maladies infectieuses. Mais outre cela, les canicules sont un problème de santé en soi: en Inde, aux États-Unis, en Europe, en Australie, des canicules extrêmes ont causé davantage de morts et d’hospitalisations cette année, et rien ne montre que la tendance doive s’inverser. Certains pays, comme les États-Unis, ont même ajouté un « indicateur » des risques de décès en pareils cas —et effectuent une compilation des « décès liés à la chaleur ». 

Le manque d’eau potable, un problème de santé publique

Plus de la moitié de la population mondiale n’a qu’un accès limité à de l’eau potable, mais la situation n’était ni pire ni meilleure en 2024. C’est à plus long terme que l’on craint que ce nombre augmente, devant le déclin des nappes d’eau souterraine. Cela pourrait faire oublier que l’eau potable est un droit humain, tel que défini par les Nations unies

C’est un problème amplificateur des autres problèmes de santé publique: en période de canicule, le manque d’eau met des vies à risque, et des sources d’eau sans usine d’épuration digne de ce nom favorisent la prolifération des moustiques et des maladies. Au printemps, on a même craint pendant quelques semaines que la mégalopole de Mexico (22 millions d’habitants) doive couper l’alimentation en eau quelques heures par jour, pour cause de sécheresse.