La cavalcade de petits patients atteints de maladies respiratoires persiste tellement au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO) que la Croix-Rouge a été appelée en renfort.
Le CHEO a annoncé dimanche qu’une petite équipe de la Croix-Rouge viendra soutenir les équipes cliniques à compter de cette semaine.
Depuis plusieurs semaines déjà, le centre hospitalier pour enfants de la région a été forcé de redéployer du personnel pour soutenir les équipes qui doivent gérer la vague de maladies respiratoires touchant particulièrement les jeunes enfants et les bambins.
Avec l’appui de la Croix-Rouge, certains de ces employés « pourront reprendre leurs fonctions habituelles afin que l’équipe du CHEO puisse continuer à fournir les soins sécuritaires et de classe mondiale », a fait savoir l’établissement sur les réseaux sociaux.
Un porte-parole de la Croix-Rouge, Jean-Sébastien Pariseau, affirme que l’organisme ne sait pas encore quelle sera la date précise du déploiement, mais qu’il doit débuter cette semaine.
Il affirme que de 12 à 15 bénévoles devraient s’y rendre et qu’ils offriront un soutien « non clinique ».
« On n’offrira pas d’actes médicaux, mais nous serons présents pour offrir du soutien aux enfants et pour briser l’isolement, entre autres. »
L’adjointe parlementaire de la ministre de la Santé de l’Ontario Robin Martin a déclaré lundi matin que l’appel à l’aide à la Croix-Rouge faisait « partie du plan » de la province pour faire face à l’afflux des cas de virus respiratoires.
« Si ça faisait partie du plan, et ça, j’en doute beaucoup, c’est vraiment un désastre total. C’est désastreux que les hôpitaux de l’Ontario soient rendus au point de demander à des bénévoles de venir prêter main-forte, a réagi la porte-parole du NPD en matière de santé, France Gélinas. Et là, on ne parle pas de n’importe quel hôpital. C’est le CHEO, un joyau qui est connu de façon planétaire, et de dire qu’on est rendu à un plan qui inclut des bénévoles? Je ne crois rien de cela. »
Quelques instants plus tard, une porte-parole du gouvernement a indiqué que Mme Martin s’est « mal exprimée » et qu’elle voulait plutôt dire que l’expansion de la capacité du CHEO faisait partie du plan de la province.
Achalandage
L’achalandage atteint des niveaux historiques au CHEO, selon l’administration, et la circulation massive de plusieurs virus respiratoires, dont le virus respiratoire syncytial (VRS), l’influenza et la COVID-19, n’offre pas de répit aux professionnels de la santé et aux familles.
L’attente pour consulter un médecin à l’urgence du CHEO avoisine parfois les 20 heures pour les cas les moins urgents.
En novembre seulement, 6682 patients ont visité les urgences de l’établissement pédiatrique d’Ottawa, soit une moyenne de 223 par jour.
En octobre, ce sont 7169 admissions qui ont été enregistrées, soit 70 % de plus qu’au cours de la même période, en 2020.
Habituellement, ces statistiques sont plutôt observées entre décembre et avril, lors de la saison grippale.
Cet achalandage record succède par ailleurs à un été qui a été particulièrement occupé pour le CHEO.
Les lieux sont normalement conçus pour 150 visites par jour.
Le centre hospitalier a récemment reçu un investissement du gouvernement ontarien pour ajouter 12 lits de soins intensifs, soit six dans la salle de « niveau 2 » et six au « niveau trois ».
Le premier ministre ontarien Doug Ford a félicité le PDG du CHEO, Alex Munter, lundi. « Ce gars-là sort des sentiers battus [en anglais: this guy is thinking outside the box] », a-t-il lancé.
En entrevue avec Le Droit, Alex Munter s’est dit reconnaissant d’avoir l’attention du gouvernement ontarien.
La visite de Doug Ford au centre hospitalier en octobre et de la ministre de la Santé Sylvia Jones en novembre auront permis de leur faire comprendre la gravité de la situation, affirme-t-il. « On va gérer cette vague, mais après, il y a des leçons à tirer de cette période sur l’importance d’investir dans les soins pour les enfants. »
Doug Ford a aussi fait savoir que le médecin hygiéniste en chef de l’Ontario, le Dr Kieran Moore, l’aurait informé que la vague d’infections constatée à Ottawa atteindrait actuellement un « pic », alors qu’à Toronto, elle se serait stabilisée.