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En vertu de l’Accord de Paris signé en 2015, tous les pays se sont engagés à annoncer publiquement leurs cibles de réduction. On appelle ces cibles les contributions déterminées au niveau national. Par exemple, en vertu de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, Ottawa s’est engagé en 2021 à réduire ses GES de 40 à 45% d’ici 2030 (par rapport aux niveaux de 2005) et à atteindre la carboneutralité en 2050.
Chaque pays a été tenu de soumettre de telles promesses. Par contre, l’Accord de Paris n’est pas « contraignant », en ceci que même si un pays n’atteint pas ses cibles, il n’aura aucune pénalité à payer. De fait, pour l’instant, seule une minorité de pays se conforme à ses promesses.
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La seule « contrainte » était de soumettre des promesses de réduction des GES ajustées à la hausse tous les cinq ans. C’est ce que les pays ont fait à la COP de Glasgow en 2021, puis à nouveau à celle des Émirats arabes unis en 2022. Mais ces cibles restent elles aussi non contraignantes.
Ils se sont néanmoins engagés à ne pas dépasser 1,5 degré Celsius? Oui et non
À la fin de la COP de Paris en 2015, les pays s’étaient en effet engagés à « contenir l’élévation de température » sous les 2 degrés, et même à tenter de limiter cette élévation à 1,5 degré. Mais là non plus, aucun pays n’aura de pénalité à payer aux Nations unies si la température moyenne de la planète excède ces limites. Selon les dernières estimations, le seuil du 1,5 degré est en train d’être dépassé.
Ces promesses n’ont aucune utilité? Non
Elles permettent aux experts de calculer la trajectoire sur laquelle nous sommes. Ainsi, selon le dernier rapport annuel du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) sur l’écart entre les promesses et la réalité, si tous les pays respectaient leurs promesses de réduction des gaz à effet de serre, la planète serait à présent sur une trajectoire de 2,4 à 2,6 degrés Celsius d’augmentation.
En revanche, comme peu respectent leurs promesses, l’état de la situation actuel nous place plutôt sur une trajectoire de 2,9 degrés. Sans cette obligation de transparence, on n’aurait aucun moyen de faire ces projections.
1,5 degré, 2 degrés ou 2,9 degrés… mais par rapport à quoi ?
Ces chiffres réfèrent à l’augmentation de la température moyenne de la planète depuis la Révolution industrielle, au XIXe siècle, ce moment où l’humanité a commencé à utiliser du charbon, puis du pétrole, à grande échelle. Aujourd’hui, nous en sommes à 1,3 degré d’augmentation.
Si on s’inquiète de ces seuils, c’est parce que les scientifiques ont identifié dans les dernières décennies des points de bascule (en anglais, tipping points) : au-delà de 1,5 ou 2 degrés, différents systèmes de notre planète subiront des perturbations irréversibles (glaces de l’Arctique, Amazonie, Gulf Stream, pergélisol, récifs de corail, etc.).
La communauté internationale ne fait rien pour limiter les dégâts futurs ? Oui et non
Parce que l’action est trop lente pour empêcher l’augmentation des dégâts qui seront causés par des événements allant des canicules aux ouragans en passant par les inondations, deux concepts sont devenus centraux aux différentes COP: l’atténuation (en anglais, mitigation) et l’adaptation.
Tous deux réfèrent aux mesures à prendre pour minimiser les dégâts futurs. Par exemple, la construction de barrières anti-inondations, la conservation des forêts, la fermeture des centrales au charbon, le déplacement de routes ou de quartiers inondables, etc.
Il existe des fonds pour financer des projets d’atténuation ou d’adaptation dans les pays en voie de développement. Mais ces derniers se plaignent depuis longtemps que ces fonds ne peuvent pas être utilisés pour réparer des dommages auxquels ils sont d’ores et déjà confrontés —par exemple, les inondations catastrophiques au Pakistan en 2022.
Les pays riches admettent-ils une responsabilité dans les dégâts subis par les pays pauvres? En partie
Un autre concept, « pertes et préjudices » (en anglais, loss and damage), renvoie à l’idée que les pays plus riches devraient compenser les plus pauvres pour leurs pertes, puisque ce sont les pays riches qui, depuis la Révolution industrielle, ont davantage contribué au problème. Bien que le concept soit discuté depuis 2007, il s’est toujours heurté au blocage de faire admettre, par les pays riches, qu’ils avaient une responsabilité.
Or, en novembre 2023, une entente est finalement intervenue pour créer un fonds spécialement dédié à l’aide à la reconstruction ou aux réparations. Les 12 derniers mois ont servi à discuter de la façon dont ce fonds sera géré, dans l’espoir qu’il se matérialise en 2025. La question des finances sera donc à l’ordre du jour de la COP29: en additionnant atténuation, adaptation et pertes et préjudices, on parle de besoins qui se mesurent en centaines de milliards de dollars par année. On n’y est pas encore, même si les fonds mondiaux dévolus aux « finances climatiques » sont en croissance depuis quelques années.
Ce texte est une adaptation de l’article « Lexique pour comprendre la COP » paru l’an dernier.
Que veut dire COP ?
COP signifie « Conférence des parties » (Conference of Parties). Les « parties » sont les pays qui ont signé…
… la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, en 1992. C’est elle qui « encadre » les COP annuelles, depuis 1995. Dès la troisième, en 1997, a été signé…
… le Protocole de Kyoto, le premier traité international sur la réduction des gaz à effet de serre. Comme il ne concernait que les pays riches, son successeur fut…
… l’Accord de Paris en 2015, le premier traité réunissant la totalité des pays.
D’autres efforts pour simplifier le jargon
- La terminologie d’une COP, de A à Z (en anglais)
- Série de ressources du World Resources Institute pour décoder la COP29
- Un texte explicatif de Carbon Brief sur le fonds pour les pertes et préjudices (novembre 2023)
- Un état de la situation des « finances climatiques », par l’organisme Climate Policy Initiative