En cette Semaine nationale de la sensibilisation aux dépendances, on constate qu’il y a tellement de différentes facettes à l’addiction qu’il s’avère complexe de parler des répercussions qu’elle peut avoir sur la société. L’abus et l’usage de substances qui modifient le comportement est la forme de dépendance qui préoccupe le plus. Les conséquences sur la santé et les couts qui sont reliés à cet enjeu démontrent qu’il y a encore du travail de sensibilisation à faire et que c’est important d’entreprendre des efforts collectifs pour que les choses s’améliorent.
Le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS) a préparé de la documentation afin d’outiller les proches des personnes dépendantes qui désirent discuter avec ceux et celles qui souffrent, ou les accompagner. Le CCDUS organise aussi un congrès national à Vancouver du 20 au 22 novembre, ayant pour but de réunir des partenaires qui parleront de leurs expériences avec l’usage de substances, de nouvelles recherches, de bonnes pratiques, de tendances et de problématiques, d’initiatives de traitement et de prévention.
Les couts reliés aux problèmes de consommation en 2020 s’élevaient à 49,1 milliards de dollars ; de ce montant 62 % sont rattachables à la consommation d’alcool et de tabac. L’usage des opioïdes a couté 7,1 milliards de dollars, en grande partie associés à la perte de production qu’entrainent les décès par surdose à un jeune âge.
La Semaine de sensibilisation a pour but d’engager la conversation avec ceux qui souffrent de dépendance. Parmi les ressources qui leur sont offertes, des centres de désintoxication et de traitements sont disponibles partout au pays. Les proches et les parents de personnes qui consomment ne savent pas toujours comment identifier le problème ni comment en discuter. Sur le site du CCDUS, il y a un livre écrit par des parents pour des parents, qui explique de long en large comment faire pour survivre avec un enfant ayant un trouble de consommation.
En Ontario, seulement deux centres de réhabilitation offrent des services en français, dont un à Hearst, Maison Renaissance. Une clientèle francophone issue du Nord et de l’Est ontarien s’y rend pour profiter de l’accès rapide et de la qualité des services offerts.
Yzabel Mignault-Laflamme est conseillère clinique à Maison Renaissance. Elle explique que sur son lieu de travail c’est l’abstinence totale de toutes les drogues qui est mise de l’avant. « Vouloir réduire sa consommation, on appelle cela une réduction des méfaits et ce n’est pas ce qu’on prône. Statistiquement parlant, ce qui fonctionne le plus c’est l’arrêt de toute substance pour éviter le transfert de dépendances. C’est sûr que la réduction des méfaits est une approche qui est utilisée par d’autres agences communautaires qui proposent un soutien continu », dit-elle.
Malgré le fait que ce type de thérapie n’a pas un taux de réussite de 100 %, Jessica Baril, la directrice générale, dit qu’elle et son équipe s’accrochent à la différence sur les vies qui ont été sauvées grâce à l’approche thérapeutique de Maison Renaissance. Le séjour dure en moyenne 28 jours, mais dernièrement la clientèle prolonge son temps de quelques semaines et demande un transfert dans des centres de longue durée, rapporte Yzabel.
Les toxicomanes qui se rendent en traitement à reculons, soit à cause de la pression familiale ou de la loi, ont autant de chances de réussir s’ils s’accrochent au programme. Mme Mignault-Laflamme affirme qu’il est important pour eux d’établir des contacts avec la famille lorsque nécessaire. « On veut les entendre et leur offrir du soutien. Sinon, on leur suggère d’aller trouver de l’aide pour eux aussi, d’accepter un peu qu’ils soient impuissants lors des prochaines étapes du membre de leur famille », explique la conseillère.
Bien que beaucoup de parents veulent le mieux pour leurs enfants, le fait d’aider financièrement quelqu’un pris avec des problèmes de consommation cause plus de dommages que de bienfaits. Le changement dans les habitudes des proches qui sont en réhabilitation doit se faire en même temps, afin de réduire les risques de rechute.
Pour s’en sortir, les personnes dépendantes doivent changer plusieurs aspects de leur vie et c’est l’une des tâches les plus difficiles du processus, surtout lorsque tous les amis et même des membres de leur famille consomment. Le taux de réussite chez ces gens est largement augmenté lorsqu’ils appliquent ces principes à leur quotidien. Avec l’aide de leur conseillère clinique, ils planifieront leur sortie en se fixant des limites et en identifiant les actions qui doivent être posées pour que ça fonctionne.
Par chance, Maison Renaissance offre un accès rapide à de la thérapie de 28 jours, comparativement à d’autres centres de réhabilitation de l’Ontario. On y croise parfois des clients pour qui le français n’est plus leur première langue, mais qui ont de bonnes bases pour le comprendre, le parler, le lire et l’écrire.
Il existe aussi un programme de prévention de la rechute qui offre une place à Maison Renaissance à celui ou celle qui veut se solidifier au lieu de rechuter. La durée varie d’une semaine à 28 jours, et permet au dépendant de venir se ressourcer en travaillant sur lui-même avec les outils enseignés.
Finalement, le programme de jour permet à ceux et celles qui ont des engagements parentaux en soirée de participer à tous les ateliers et sessions de thérapie pendant le jour, et de retourner chez eux le soir. Il faut cependant habiter dans la région de Hearst, puisque le matin les ateliers commencent vers 8 h 30. « Ça a des avantages, surtout pour des mamans. Des fois, les femmes prennent plus de temps avant de demander de l’aide, et même ne demanderont pas d’aide à cause des responsabilités à la maison. Ce programme leur permet de prendre soin de leur famille tout en prenant soin d’elles-mêmes», selon Yzabel Mignault-Laflamme.
Statistiquement parlant, il y a plus d’hommes qui ont des problèmes d’abus de substances que de femmes. Selon l’Enquête canadienne sur l’alcool et les drogues de 2019, un plus grand pourcentage d’hommes que de femmes ont consommé de l’alcool (78 % et 75 % respectivement), du cannabis (23 % et 19 % respectivement) ou du tabac (16 % et 12 % respectivement) au cours des 12 derniers mois ayant précédé l’enquête.
La Semaine nationale de la sensibilisation aux dépendances invite la population à partager comment leur communauté se rallie derrière ceux qui rencontrent des difficultés avec les substances en utilisant les mots-clics
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