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le Mardi 28 janvier 2025 16:29 Chroniques

Dans le temps comme dans le temps – Marguerite (Gagnon) Comeau : Partie 2 : Deuxième séjour à Hearst

Partie 2 : Deuxième séjour à Hearst
Dans le temps comme dans le temps – Marguerite (Gagnon) Comeau : Partie 2 : Deuxième séjour à Hearst
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Les données de ce récit proviennent du texte Marguerite Comeau, Autobiographie Hearst, Ontario, novembre 1999

La famille de Marguerite et Edmond arrive à sa nouvelle demeure à Saint-Alexandre, à sept milles de Saint-Jean-sur-Richelieu et environ 27 milles de Montréal. Edmond achète le terrain derrière la maison et il plante des fraises, des framboises et de grands rangs de blé d’Inde. Ils mettent le surplus de leurs produits en conserve. Ils plantent ensuite 600 pommiers. Edmond décide de faire une rallonge au-devant de la maison et d’ouvrir un dépanneur faisant de la boucherie. Il prépare toutes ses viandes et les emballe pour ses clients. Il fait aussi des saucissons.

Marie-Claire nait le 21 septembre 1945. Les trois garçons les plus vieux, Claude, Raymond et Clairmond, sont résidents au Collège de Farnham. Edmond et Marguerite vont souvent les voir. Ils ont aussi la visite de curés qu’ils ont connus à Val Côté, notamment le curé Payette et le curé Brousseau qui résident dans la région. Quatre frères et sœurs de Marguerite demeurent à Hearst : Yvonne, Rosaire, Raoul et Adrien. Quant à Florentine, elle est retournée à Saint-Prosper.

Le 27 novembre 1949, Edmond décède subitement à l’âge de 47 ans et 6 mois. Deux mois plus tôt, Marguerite perdait un garçon alors qu’elle était enceinte de sept mois. Elle reste donc seule avec sept enfants. La plus vieille, Thérèse, a 16 ans et la plus jeune, Marie-Claire, 3 ans. Claude, Raymond et Clairmond sont encore au Collège de Farnham, mais refusent d’y retourner après la mort de leur père.

Au printemps 1950, Marguerite Comeau et sa famille reviennent à Hearst en auto. Marguerite conduit. En arrivant, ils demeurent chez son frère Rosaire qui lui vend la moitié de son lot juste à côté du magasin Northway, en face du Motel Queen’s (Super 8 aujourd’hui). Marguerite choisit de demeurer à Hearst parce qu’elle sait que Rosaire l’aidera à élever les enfants. Elle se fait bâtir une maison sur son lot, puis retourne à Saint-Alexandre chercher son ménage et vendre le magasin. La maison privée ne se vend pas immédiatement.

Une fois installée dans sa maison, Mme Comeau ouvre le restaurant Golden Arrows (plus tard le magasin 1 $), mais elle perd tout dans peu de temps. L’ameublement est trop vieux et ne vaut rien. Elle achète ensuite le restaurant d’Annette Bourdon (où est aujourd’hui la Banque Scotia) qui a un ameublement tout neuf. Marguerite sait qu’elle ne fera pas beaucoup d’argent en tenant un restaurant, mais espère pouvoir en gagner assez pour faire manger les enfants. Elle ne voit pas où elle pourrait avoir du travail autrement, n’ayant pas d’instruction ou de métier.

Au début des années 50, Mme Comeau rencontre M. Henry Selin, propriétaire de l’hôtel Queen’s, et lui dit que si, un bon jour, il voulait le vendre, peut-être qu’elle pourrait l’acheter. Entretemps, Marguerite retourne à Saint-Alexandre et réussit à vendre sa maison. Elle vend ensuite son restaurant avec l’ameublement à Lad Medve. Elle travaille pour quelque temps comme réceptionniste à l’Hôtel Queen’s. En 1955, M. Selin décide de vendre son hôtel. Il donne un mois à Marguerite pour décider. Elle lui donne 1000 $ de dépôt. En 1955, les femmes ne pouvaient pas travailler derrière le bar d’un hôtel. D’ailleurs, je me souviens que l’hôtel Queen’s, dans ce temps-là, avait un côté pour les hommes et un côté pour les femmes. De toute façon, Marguerite réussit à se procurer un permis pour vendre de l’alcool. Elle loue ensuite sa maison près du magasin Northway à des officiers de la Gendarmerie royale du Canada.

À l’hôtel Queen’s, Mme Comeau garde deux chambres pour les enfants. Thérèse est mariée, donc une chambre pour les garçons, Claude, Raymond, Clairmond et Roger, et une au rez-de-chaussée pour les filles, Cécile et Marie-Claire. Marguerite prend la résidence de M. Selin. Elle doit tenir les livres et souvent même cuisiner pour le petit restaurant de cinq tables qu’il fallait opérer pour garder le permis.

Les enfants vont à l’école et lorsqu’ils sont assez grands et ne veulent plus y aller, ils vont travailler. Ils se marient tous assez jeunes. Tout va bien. Un peu plus tard, Mme Comeau souhaite agrandir encore une fois son bar, mais la banque lui refuse un prêt. Elle décide alors d’attendre d’avoir l’argent. Ensuite, elle se fait construire un petit chalet et s’achète un bateau.

En 1958, Marguerite Comeau se fait construire une maison à côté de l’hôtel. Il a fallu démolir un garage pour construire la maison. En 1966, elle vend l’hôtel Queen’s à son fils Claude et loue toujours sa première maison sur la rue Front.

En 1968, Marguerite trouve le temps long. Les enfants sont tous mariés et elle est fatiguée de se bercer et de se tourner les pouces. Il y a déjà quelques années, elle avait demandé aux responsables du chemin de fer de lui louer le terrain en face de sa première maison sur la rue Front. On lui avait répondu qu’ils ne louaient pas ces terrains pour le moment. Six mois après qu’elle ait vendu l’hôtel Queen’s, les autorités du chemin de fer décident de lui louer le terrain.

C’est alors que Mme Comeau commence la construction du motel Queen’s en partenariat avec son fils Claude. Comme elle n’a pas beaucoup d’argent, elle ne prend pas de contracteur. Elle embauche un bon ouvrier à 2,50 $ l’heure et un aide à 1 $ l’heure. Marguerite fait tous les achats pour son ouvrier. Lorsque la première chambre est prête, c’est elle qui sable et vernit les portes tout en faisant les commissions. Elle sauve beaucoup d’argent sur le peinturage parce que les murs sont des panneaux prévernis et le plancher est tapissé. Lorsqu’elle commence à offrir ses chambres, il s’adonne que la Trans-Canada Pipeline est de retour à Hearst et loue les 32 chambres disponibles pour un certain temps. Marguerite Comeau a aussi un restaurant et y travaille régulièrement. Elle loue les chambres, fait la tenue de livres, ainsi que des lavages. Une fille arrive à 4 h pour faire le repassage. Plus tard, elle envoie le lavage à la buanderie de Kapuskasing. Il lui arrive même de faire les chambres.

En 1974, Mme Comeau vend sa maison en face du motel Queen’s et achète un condo à Fort Lauderdale, qu’elle garde pendant 18 ans. En 1975, elle vend sa part du motel Queen’s à son fils Claude. Elle vend aussi son chalet au Lac Ste-Thérèse et en construit un autre. Elle vend son nouveau chalet en 1995 à son fils Roger. En 1996, elle vend son condo à Fort Lauderdale.

En vieillissant, Mme Marguerite Comeau réfléchit sur la vie : « Le bon Dieu est le créateur et après qu’il a créé la neige, il est surement allé en Floride se reposer. » Et, « J’aurais dû me douter que vieillir, ça ne se fait pas sans verser une larme de temps en temps. Heureusement, il y a aussi de bons moments. »

En 1997, elle a un choc lorsque son fils Raymond décède à l’âge de 61 ans. « On ne met pas un enfant au monde pour l’enterrer, mais ce n’est pas nous autres qui conduisons. »

Mme Marguerite Comeau est décédée le 18 septembre 2001 à l’âge de 88 ans.