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le Lundi 20 janvier 2025 11:48 | mis à jour le 3 février 2025 20:48 Chroniques

Dans le temps comme dans le temps – Marguerite (Gagnon) Comeau – Partie 1 : Premier séjour à Hearst

  Photo : La photo provient du texte Marguerite Comeau, Autobiographie, Hearst Ontario, novembre 1999.  (Partie 2 la semaine prochaine.)
Photo : La photo provient du texte Marguerite Comeau, Autobiographie, Hearst Ontario, novembre 1999. (Partie 2 la semaine prochaine.)
Marguerite Gagnon, originaire du Québec, raconte son parcours de vie, de son enfance dans une famille nombreuse et modeste à son arrivée à Hearst, ses premières expériences de travail et de vie familiale, et sa rencontre avec Edmond Comeau, avec qui elle fondera une famille.
Dans le temps comme dans le temps – Marguerite (Gagnon) Comeau – Partie 1 : Premier séjour à Hearst
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Les données de ce récit proviennent du texte Marguerite Comeau, Autobiographie Hearst, Ontario novembre 1999

Marguerite Gagnon est née le 30 juin 1913 à Saint-Prosper-de-Beauce, Québec. Ses parents, Henri Gagnon et Marie (Maheu) Gagnon ont treize enfants : Wilfrid, Eugène, Florentine, Rosaire, Maurice, Yvonne, Marguerite, Raoul, Alexandra, Marie-Paule, Adrien, Denise, Thérèse et deux sont morts avant l’accouchement. Comme plusieurs familles dans le temps, les Gagnon vivent très modestement.

Au début des années 1920, le père, Henri Gagnon, est blessé gravement lorsqu’un arbre lui tombe sur la tête alors qu’il s’affaire à réparer la clôture sur sa ferme. La famille doit s’en occuper continuellement.

Vers 1928, Florentine, sœur de Marguerite, a trois enfants et son époux, Denis Champagne, est sans travail. Afin de couper l’exode des familles québécoises aux États-Unis, l’Église les aide à se rendre dans le nord, sur des terres agricoles. Denis et Florentine voyagent donc jusqu’à Hearst et reçoivent une terre près de Hallébourg (la terre Pominville aujourd’hui), à 7 milles de Hearst.

Marie décide de partir et d’aller rejoindre sa fille Florentine à Hearst. Elle doit tout laisser : son époux malade et les enfants Marguerite, Raoul et Adrien. Denise est placée chez son père, Henri Gagnon, et Thérèse chez Eugène.

Vers 1928, Marguerite, et Yvonne qui travaille à Québec décident d’aller rejoindre leur mère à Hearst. Marguerite a environ 15 ans. Elles réussissent à payer le 20 $ pour chaque billet. Elles donnent l’adresse de la terre de Florentine au conducteur et arrivent tard le soir, mais n’ont pas d’argent pour aller coucher à Hearst. Il les laisse en face de la maison. En débarquant, Marguerite perd ses souliers dans la glaise et doit se rendre à la maison en pieds de bas. Elle retourne chercher ses souliers le lendemain matin.

La mère n’est pas chez Florentine. Elle a un emploi à l’hôtel Cloutier (devenu Northern Season Motel). Elle a un logis chez Alfred Lecours, sur le coin.

Marguerite demeure chez Florentine. Elle trouve du travail à 10 $ par mois. M. Charpentier a des camps dans le bois autour de Ryland. Sa maison privée se situe où il construit plus tard la Palace Hotel. Marguerite prend soin de la maison et des enfants.

Monseigneur Hallé lui demande de demeurer avec Florentine, car elle était toute seule sur la terre avec quatre enfants. Son époux, Denis Champagne, est parti pour Winnipeg avec son auto et son argent. Florentine n’a rien à manger. Pendant ce temps, Mgr Hallé lui donne des notes ce qui lui permet d’acheter des provisions au magasin de son frère, Michel. Marguerite arrête de travailler pour demeurer avec sa sœur. Yvonne travaille dans les restaurants.

Marguerite travaille ensuite dans un petit restaurant à Hearst. Les deux garçons qui l’embauchent la laissent ensuite pour aller travailler dans les camps. Le magasin se situe là où est Ted Wilson aujourd’hui. Marguerite a 17 ans. Il y a un comptoir, des bancs, le poêle est carré en tôle, avec quatre ronds et un fourneau. Marguerite a payé le loyer et ils doivent lui retourner son argent. Mais, le restaurant ne vaut pas le loyer et les deux gars ne sont jamais revenus.

Raoul, le frère de Marguerite, arrive à Hearst en voyageant dans un wagon de cargaison et reste avec elle. Il lave la vaisselle au restaurant et couche là alors que Marguerite a une chambre chez Mme Bernier, la voisine du bureau de poste.

Plus tard, Marguerite laisse son petit restaurant et loue le magasin qui appartient à Mme Shoppoff (près du Théâtre Royal). Elle est maintenant mieux installée avec des tables et de plus beaux meubles.

Marguerite rencontre Edmond Comeau en l932. Il vient au restaurant de temps en temps. Marguerite a 18 ans. C’est le printemps de 1932. Un après-midi du mois de juillet, ils vont faire un tour au lac Ste-Thérèse puis arrêtent pour manger des fraises et Edmond la demande en mariage. Marguerite accepte.

Marguerite vend son commerce et déménage à Val Côté avec Edmond. Il a un magasin et il achète du bois qu’il revend à la compagnie Abitibi. Dans ce magasin, il y a un gros poêle (une truie). Avant 1930, il n’y a pas de chemin de Val Côté à Hallébourg, et Edmond est le seul qui a une auto à Val Côté. Il doit enlever les pneus pour faire le trajet sur le chemin de fer. Il est ami avec le père Lambert et son fils, le curé Zoël Lambert, Michel Halé et Vital Brisson. Ils vont souvent en party au Lac Ste-Thérèse.

Pour le mariage, Marguerite achète une robe blanche en dentelle. Ils se marient à Hallébourg. Elle a une bague et un jonc de 25 $. Le soir, ils vont coucher à Cochrane, dans une petite chambre en haut d’un restaurant chinois. Ils reviennent le lendemain. Edmond fait construire un loyer au-dessus du magasin.

Le 6 juillet 1933, leur premier enfant, Thérèse, voit le jour. Le deuxième, Claude, nait le 1er décembre 1934. Le troisième, Raymond, arrive le 12 septembre 1936.

Vers 1936, Rosaire, le frère de Marguerite, vient à Val Côté pour travailler. Rosaire et son épouse, Esmelda, déménagent plus tard à Hearst. Ils achètent le lot en face de ce qui est le Motel Queen aujourd’hui, et ils y construisent une maison. Rosaire fait le commerce des chevaux. Il se rend à Winnipeg pour acheter ses bêtes.

Leur quatrième enfant, Clairmont, nait le 18 novembre 1937. Raoul, frère de Marguerite, revient de Winnipeg marié et il travaille dans le bois. Il demeure dans un camp à Val Côté.

Cécile, la cinquième, nait le 23 janvier 1940. Edmond et Marguerite achètent le magasin juste de l’autre côté du chemin, qui appartient à Raoul Villeneuve. Ils déménagent le magasin et ils font finir le bas en maison privée avec un salon, une grande cuisine, une petite chambre, des chambres en haut, une galerie en avant et une de côté. C’est Emanuel Charbonneau qui est l’ouvrier. Ils font construire une clôture tout le tour du terrain et ont un parterre. Les trois plus vieux vont maintenant à l’école.

Beaucoup de crédit est perdu, car les gens sont tous pauvres. Ils ne peuvent pas payer leurs dettes. Edmond et Marguerite achètent une maison à St-Alexandre. C’est en mai 1942. Ils vendent le magasin à Félix Saulnier qui demeure à Val Côté. C’est un ami et parent d’Edmond ; ils venaient de la même place : Sully, Québec. Il était le père de Maurice Saulnier, le curé. La maison a été vendue à Jos Provençal pour 2000 $, par paiements.

Le sixième enfant, Roger, est né le 30 juillet 1942. Au mois de septembre, ils partent tous pour St-Alexandre, envoyant le ménage par train. Ils ont un nouveau Chrysler Royal, pour lequel ils ont payé 1 300 $. Le chauffeur Edmond, Cécile, Marguerite et Roger embarquent en avant. En arrière, Thérèse, la plus vieille, doit prendre soin des autres : Claude, Raymond et Clairmond. Thérèse a environ 9 ans et est bonne avec les enfants.