L’évènement est une initiative de Robert Gauthier, directeur de l’enseignement français au ministère de l’Éducation. L’enjeu est de taille, car les lauréats remporteront des bourses leur permettant de poursuivre leurs études aux niveaux secondaire et universitaire. M. Gauthier avait, en effet, constaté que trop peu de jeunes Franco-Ontariens se dirigeaient vers le niveau secondaire. La formule de concours provincial, estimait-il, pouvait s’avérer un stimulus. Il a eu raison.
Au fil des ans, des milliers de dollars ont été consacrés à la scolarisation de la jeunesse franco-ontarienne. Cinq ans après la tenue du premier concours, on ajouta un autre niveau, soit le concours provincial pour les élèves de la 12e année. Le concours pour la 8e année prit fin en 1964 et un concours pour les élèves de la 10e année eut lieu de 1965 à 1969.
Le concours pour les élèves de la 12e année se tient encore aujourd’hui, selon une formule qui correspond au contexte scolaire actuel. Il est organisé en alternance par l’Université Laurentienne, l’Université d’Ottawa et le Collège Glendon de l’Université York. Les épreuves sont la composition, la dictée, la lecture et le résumé.
Dès les débuts du concours, dans la région de Hearst, les autorités scolaires et religieuses se donnent la main pour assurer la réussite du Concours de français. L’horaire qui suit est celui de la journée du Concours de français de 1941 tenu à Hearst le 18 mars 1941. Cet horaire provient du journal Le Droit d’Ottawa du 21 mars 1941. Vous noterez qu’il manque des noms de participants à certains endroits.
« Le 18 mars, à l’école Ste-Thérése de Hearst, avait lieu le Concours régional de français, sous la direction de notre dévoué inspecteur, M. Rémi Millette. Au cours de la journée, les concurrents, au nombre de sept, subissaient des examens en composition francaise, orthographe, lecture expliquée et récitation. Quatre juges compétents, soit M. l’inspecteur, M. l’abbé Edgar Bisonnette curé de Coppell, M. l’abbé Omer Nadeau curé de Ryland et la révérende sœur Ste-Clémentine suppléante au couvent Saint-Joseph durent délibérer longuement pour proclamer les vainqueurs.
Le soir à 20 h, un magnifique programme préparé par les révérendes sœurs de Hearst fut présenté aux nombreux parents et visiteurs venus pour acclamer les heureux gagnants et pour se rendre mieux compte du travail fait par leurs enfants dans nos écoles.
Son Excellence Mgr Albini Leblanc, évêque de Hearst, accompagné de Mgr Lambert, de M. le curé Brosseau et de M. le vicaire Labelle vinrent rehausser la soirée par leur présence.
Le programme suivant fut présenté :
Duo : Charge des Uhlans
Choeur : Le doux parler ancestral, exécuté par une chorale d’environ 40 jeunes filles
Adresse de M. l’inspecteur Millette : Avec une conviction toujours solide, il parle du but des concours de français et encourage fortement les parents à faire mieux connaître à leurs enfants la beauté de la langue française. Il parle aussi de notre bon évêque, Mgr Leblanc, rappelant en quelques mots les heureux souvenirs de son arrivée il y a quelques jours.
Saynète : Les semeuses de joie, exécutée par les élèves de 3e année
Piano et carillon : Silver Stars, exécuté par Jeanne-d’Arc DeChamplain et Yves Séguin
Récitation : Doctoresse, par Annette Trudel
Piano : Nocturne
Saynète : Patriotisme, par un groupe d’élèves de 6e et 7e années
Récitation : La première confession, par Charles Lecours
Callisthénie : Les papillons, par un groupe de 1re et 2e années
Trio : The Brooklet, par Gisèle Lamy, Gaëtan Doucet et Rita Bérubé
Saynète : Les métiers, par les élèves de la 2e année
Piano : Salut à Pesh, par Jeanne d’Arc DeChamplain
Chant : Évangéline, par les élèves de la chorale
À la fin du chant, Yves Séguin lut une adresse à Son Excellence Mgr Leblanc.
Proclamation des vainqueurs : M. l’inspecteur se leva. Il fit monter les concurrents sur l’estrade et les présenta à la foule. Voici leurs noms : Pauline Lecours, de l’école séparée de Hearst ; Laurent Lupien, aussi de Hearst ; Louis-Philippe Vachon, de l’école No 1 Devitt Fryatt ; Colette Talbot, de l’école No 1 Hanlan de Ryland ; Gaston Boutin, aussi de Ryland ; Pierrette St-Martin, de Hallébourg ; Clarence Parenteau, de l’école Casgrain.
Le curé Nadeau, président du jury, vint ensuite donner les noms des heureux gagnants. La première chez les filles est Pauline Lecours et le premier chez les garçons est Laurent Lupien, tous deux de Hearst. De magnifiques prix furent donnés aux concurrents, gracieusement offerts par Son Excellence Mgr Leblanc, M. l’abbé Zoël Lambert, directeur et fondateur du cercle Notre-Dame, le curé Brosseau, la révérende Mère Supérieure, MM. les commissaires et M. le professeur Clément.
Après la distribution des prix, les vainqueurs récitèrent leur poésie. Pauline Lecours récita La Charpie, par Sully Prud’homme ; Laurent Lupien récita Le Gué, par Sully Prud’homme.
Son Excellence Mgr A. Leblanc prit ensuite la parole. En termes choisis, il félicita les concurrents, les parents, les instituteurs et institutrices et parla de l’importance du français. “Vos problèmes sont semblables à ceux des Acadiens, dit-il, et chez eux les concours de français existent depuis très longtemps. Ils ont produit des résultats splendides. Plusieurs des nôtres furent, grâce à ces concours, placés dans des institutions sérieuses et compétentes.” Il cita le travail du regroupement acadien pour conserver sa langue et sa foi.
L’abbé Z. Lambert profita d’une occasion au cours de la soirée pour demander aux parents d’aider au concours de français en donnant quelques sous afin de couvrir les dépenses des vainqueurs qui se rendront à Cochrane le 28 mars. Cette collecte a rapporté la jolie somme de 35,10 $. La soirée s’est terminée par le chant Ô Canada. »