le Samedi 2 novembre 2024
le Lundi 28 octobre 2024 9:00 Chroniques

Notre cerveau primitif : pourquoi croit-on toujours avoir raison?

Le biais de confirmation donne plus d’importance aux émotions qu’à la logique lorsqu’on analyse une nouvelle information. — Photo : Tumisu – Pixabay
Le biais de confirmation donne plus d’importance aux émotions qu’à la logique lorsqu’on analyse une nouvelle information.
Photo : Tumisu – Pixabay
L’humain est le fruit de millions d’années d’évolution, qui continue de suivre son cours, bien que trop lentement pour l’ère numérique. Les raccourcis et les mauvaises habitudes acquises il y a des milliers d’années nous empêchent de croire ce qui est contraire à notre vision du monde.
Notre cerveau primitif : pourquoi croit-on toujours avoir raison?
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Supposons qu’un politicien fasse une déclaration qui, disons, étire la vérité. Une partie de la population se demandera pourquoi personne ne dénonce ce mensonge flagrant. L’autre partie, elle, défendra le politicien.

Cette généralisation est un exemple parfait d’un biais de confirmation. Il s’agit de la tendance qu’a notre cerveau à chercher, à interpréter et à se rappeler les informations qui confirment – et confortent – notre vision du monde tout en rejetant celles qui la contredisent.

Ainsi, un mensonge a beau être irrationnel pour une partie de la population, s’il permet à une autre partie de dire «Ah ah! Je le savais», il sera accepté comme étant une vérité par cette dernière.

Le biais de confirmation n’est pas le seul des biais cognitifs qui nous empêche de naviguer objectivement l’océan d’informations dans lequel baigne le monde moderne. Il est cependant la source de beaucoup de tensions dans les publications sur les réseaux sociaux.

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Le monde depuis notre fenêtre

Pour fonctionner et survivre, l’être humain a dû développer la capacité de prendre des décisions rapidement. Les expériences antérieures et les connaissances acquises sont devenues essentielles à une prise de décision efficace.

Dans un monde stable et cohérent, il n’est pas nécessaire de tout remettre en question lorsque vient le temps de prendre une décision. D’où l’utilité du biais de confirmation. Il permet aussi de garder une certaine cohésion sociale dans des petits groupes.

Par contre, ce monde stable et cohérent n’existe (presque) plus. La vie dans une société composée de millions de personnes n’a rien à voir avec la vie des groupes nomades ou des petites cités-États. Les relations et les interactions entre tous les citoyens sont vertigineusement plus complexes.

Mais le biais de confirmation reste bien implanté. Notre subconscient a pris l’habitude de seulement prendre en compte notre point de vue, nos besoins, notre façon de voir le monde afin de pouvoir réagir rapidement.

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Votre biais et vos réseaux sociaux

Les réseaux sociaux exploitent majestueusement bien notre biais de confirmation. Les algorithmes sont programmés pour nous présenter des informations de même nature que les précédentes dans le but de nous rendre accros et d’agir sur notre dopamine.

Très rapidement, l’internaute crée une bulle qui laisse entrer très peu ou pas de points de vue divergents au sien.

Celles et ceux qui ne prennent pas l’habitude d’aller voir ailleurs, de mettre leurs croyances à l’épreuve, se creusent une tranchée de plus en plus profonde d’où il peut être difficile de sortir.

Plus nos convictions sont fortes, plus il est ardu d’accepter les faits qui les contredisent.

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Contourner le biais grâce… aux médias

Les médias font en ce moment les frais des biais de confirmation.

Les données du Digital News Report 2024 soulignent que seulement 46 % des francophones – et à peine 39 % de l’ensemble de la population canadienne – font encore confiance aux médias. Une baisse importante en quelques années seulement, puisque le taux de confiance général s’élevait à 55 % en 2016.

La lecture des médias traditionnels a été remplacée chez certaines personnes par la consultation de sites Web et de vidéos qui présentent plus d’opinions que de faits. Les bulles se sont souvent construites autour de préjugés, de demi-vérités et de mensonges.

Il faut donc mener une lutte consciente contre notre biais de confirmation. Pour y arriver, il faut commencer par consulter des médias variés qui permettent d’obtenir plusieurs points de vue crédibles sur un enjeu.

Mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi garder un degré de scepticisme équivalent pour toutes les informations que l’on reçoit.

Le scepticisme à géométrie variable est très présent dans les cercles conspirationnistes. Les adeptes remettent en question toutes les déclarations des sources officielles, sans nécessairement chercher à analyser la véracité ou les intentions des sources qui confortent leurs croyances ou des messages à l’origine des théories du complot.

Si vous pensez avoir une intelligence supérieure à la moyenne et ainsi être à l’abri du biais de confirmation, détrompez-vous.

Une recherche a montré que les personnes qui ont une plus grande capacité de raisonnement s’en servent souvent pour dénicher les informations étayant leur conception du monde et pour rationaliser le rejet de tout ce qui ne fonctionne pas à leur avantage.

À vous de montrer que vous n’êtes pas à la merci de vos instincts.