Qu’il s’agisse d’un parchemin de l’empire romain brûlé dans l’éruption du Vésuve ou d’une tablette de l’époque des pharaons, des historiens, des archéologues et des « papyrologues » —spécialistes des papyrus— qui ont accepté de participer à différentes expériences voient arriver sur leurs écrans des résultats qui les sidèrent, rapportait récemment la revue Nature : des documents que l’on avait toujours considéré irrécupérables livrent leurs secrets grâce à une technologie capable de reconstituer le texte le plus probable à partir de minuscules altérations, que ce soit dans le papyrus, la pierre ou l’os.
La quantité de documents de toutes sortes que ces expériences pourraient faire sortir de l’ombre est l’équivalent d’une révolution pour des spécialistes de certaines époques historiques: lire des « caractères illisibles et décoder des langages rares ou perdus pour lesquels pratiquement aucune trace ne subsiste ».
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L’une des expériences, appelée le Défi Vésuve, a même pris la forme, en 2023-2024, d’un concours: un prix de 850 000$, qui avait été remis l’an dernier à la première équipe qui s’était montrée capable de déchiffrer au moins 5% d’un des quatre rouleaux de papyrus retrouvés dans les ruines d’une des villes détruites par l’éruption du Vésuve, il y a 2000 ans. Chaque papyrus prend la forme d’un rouleau si étroitement replié sur lui-même que toute tentative pour le « déplier » signifierait sa destruction: un des défis consiste donc à déchiffrer le texte à travers les « couches » supérieures du document.
Ailleurs, d’autres percées ont suggéré que la contribution de l’IA peut aller au-delà du décodage de textes. En apprenant par essais et erreurs, la technologie peut déchiffrer des « trous » dans des textes déjà connus, ou faire l’équivalent d’un « chercher-remplacer »: une étude parue dès 2020 montrait ainsi la possibilité de repérer des centaines de symboles manquants dans des centaines de formulaires administratifs et légaux de la Babylone de l’Antiquité —un travail que la machine ferait beaucoup plus vite que les humains.
La technologie n’est toutefois pas parfaite: dans le reportage de Nature, une équipe britannique estime à 62% la justesse de son modèle, appelé Ithaca —contre 25% pour les experts humains. Mais son avantage réside dans la rapidité avec laquelle il peut suggérer aux humains des réponses que ceux-ci peuvent ensuite valider. Et certaines régions du monde profiteront plus que d’autres de cette rapidité: les chercheurs coréens ont à leur disposition des rapports quotidiens relatant les règnes de 27 rois, du 14e siècle au début du 20e, représentant des centaines de milliers de textes.