L’Ontario se trouve à un point de bascule dans sa crise de l’itinérance, selon une nouvelle étude de l’Association des municipalités de l’Ontario (AMO), dévoilée jeudi.
En tout, 81 515 personnes ont été sans abri en 2024, représentant une hausse de 25 % depuis 2022, selon les données de cette association, qui rassemble les 444 municipalités de la province.
«Sans intervention significative, l’itinérance pourrait plus que tripler d’ici 2035, laissant jusqu’à 294 266 personnes sans logement stable dans un scénario de ralentissement économique – une réalité que la plupart des gens considèrent comme inacceptable», indique l’organisme dans son rapport.
Le décompte est basé sur les données fournies à l’AMO par les 47 gestionnaires de services liés à l’itinérance de la province.
Il est possible de dénombrer les cas «connus» d’itinérance en raison de leur utilisation des refuges, de leur inscription sur les listes nominatives des gestionnaires de services ou de dénombrements ponctuels, notamment.
La moitié de tous les cas connus d’itinérance ont vécu des situations prolongées ou répétées d’itinérance.
Ce phénomène révèle deux problèmes systémiques fondamentaux, selon l’AMO, soit «que trop de personnes deviennent sans-abri et que trop peu de personnes en sortent en raison d’un manque d’options abordables et appropriées».
Selon le rapport de l’AMO, préparé en collaboration avec HelpSeeker Technologies, le nombre de sans-abri a augmenté en moyenne d’environ 50 % dans les collectivités de l’Ontario depuis 2016.
Le groupe souligne toutefois que les communautés rurales et du nord de l’Ontario ont connu une hausse beaucoup plus marquée du nombre de sans-abri.
Dans les communautés du nord, près de 50% des personnes qui sont sans-abri de manière chronique sont autochtones, apprend-on.
Les données montrent que l’itinérance connue dans les zones principalement rurales a augmenté de 154 % depuis 2016, selon l’organisme.
Dans le nord de l’Ontario, l’itinérance connue a augmenté d’environ 204 % depuis 2016, passant de 1771 personnes à 5377 personnes en 2024, apprend-on dans le rapport.
L’étude dévoile aussi que près du quart des Ontariens qui sont sans-abri de façon chronique sont des enfants et des jeunes de moins de 24 ans.
En plus des données recueillies sur l’itinérance en Ontario en 2024, le rapport de l’AMO prévoit également que la crise devrait s’aggraver et décrit diverses politiques et investissements que les gouvernements pourraient mettre en œuvre pour remédier au problème.
La province a récemment investi 450 millions de dollars de la province pour financer le logement abordable, les refuges et la création des futurs carrefours d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances.
«Notre gouvernement a réalisé le plus important investissement dans le logement abordable et les programmes de lutte contre l’itinérance de l’histoire de l’Ontario et a pris des mesures décisives pour aider les municipalités à gérer les campements de sans-abri dans toute la province», a noté une porte-parole du ministère des Affaires municipales et du Logement de l’Ontario, Emma Testani.
N’empêche, l’AMO juge que ces efforts ne sont pas suffisants.
Alors que les municipalités ont augmenté leurs investissements dans ces secteurs de façon importante au cours des récentes années, les financements provinciaux et fédéraux n’ont pas suivi la même cadence, déplore le regroupement de municipalités ontariennes.
On estime maintenant que 11 milliards de dollars supplémentaires seront nécessaires pour prévenir l’itinérance au cours des dix prochaines années.