Alors que les premiers ministres provinciaux et territoriaux s’apprêtaient à se rencontrer dans le cadre de la réunion du conseil de fédération, lundi matin, la ministre des Finances Chrystia Freeland, le bras droit du premier ministre Justin Trudeau, a remis sa démission du cabinet.
«Nous le sommes tous», a répondu Doug Ford, lorsqu’on lui a demandé, durant une mêlée de presse impromptue lundi avant-midi, s’il était préoccupé par la démission de Mme Freeland.
Le premier ministre ontarien, qui parle souvent de sa très bonne relation avec Chrystia Freeland, l’a remerciée pour son service, plus tard en après-midi, ajoutant que celle-ci l’a appelé durant la réunion et qu’il l’a mise sur haut-parleur pour une discussion avec les politiciens autour de la table.
Avec tout le «chaos» qui règne actuellement au parlement canadien, il est plus important que jamais d’avoir un leadership stable de la part des premiers ministres provinciaux, selon M. Ford, et que ceux-ci «veillent à combler les lacunes éventuelles du gouvernement fédéral».
«Il est temps que nous, les premiers ministres, prenions les choses en main et que nous veillions à dire au monde qu’il y a de la stabilité ici, qu’il y a de la certitude au Canada», a-t-il soutenu.
Énoncé économique attendu
La ministre Freeland s’apprêtait à présenter un énoncé économique à la Chambre des Communes.
Les premiers ministres à travers le pays attendaient impatiemment ce document fiscal, espérant qu’il contienne de nouveaux investissements du gouvernement fédéral démontrant un engagement à renforcer la sécurité aux aux frontières entre le Canada et les États-Unis.
La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a déclaré que les dernières réunions avec le premier ministre Trudeau et Mme Freeland avaient porté sur les «irritants commerciaux» que les États-Unis entretiennent, mais elle se demande maintenant si le plan frontalier sera dévoilé aujourd’hui en raison de «l’incertitude» à Ottawa.
Au moment de publier ces lignes, le sort de la mise à jour économique était toujours incertain.
Selon Danielle Smith, la lettre de Chrystia Freeland suggère qu’elle souhaite que les premiers ministres poursuivent leurs efforts actifs pour rencontrer les législateurs américains, car le pays «ne peut pas se permettre de perdre son momentum».
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Négociations avec Washington
«Au cours des dernières semaines, nous nous trouvions en désaccord sur la meilleure voie à suivre pour le Canada. Aujourd’hui, notre pays est confronté à un grand défi», a écrit Chrystia Freeland dans sa lettre publiée sur le réseau social X, indiquant avoir refusé un nouveau poste que lui avait offert Justin Trudeau au sein de son cabinet ministériel.
Questionné au sujet des nombreuses distractions qui accaparent le gouvernement fédéral actuellement, Doug Ford a indiqué qu’il est «essentiel que les premiers ministres [des provinces et des territoires] jouent un rôle plus important» dans les négociations avec le président désigné des États-Unis, Donald Trump.
Ce dernier a promis en novembre qu’à son retour à la Maison-Blanche, le 20 janvier, il imposera des tarifs douaniers de 25 % sur les marchandises canadiennes entrant aux États-Unis, afin de forcer le Canada à renforcer la sécurité aux frontières.
C’est précisément de cela dont les premiers ministres du conseil de la fédération prévoyaient de discuter lors de leur réunion à Toronto, lundi matin.
«Quant au gouvernement fédéral, il y a beaucoup de choses qui se passent là-bas en ce moment, alors je vais m’arrêter là, mais je peux vous assurer que les premiers ministres joueront un rôle très important dans les négociations», a lancé Doug Ford avant d’aller rencontrer ses homologues.
Front commun
Depuis que Donald Trump a déclaré qu’il voulait imposer cette mesure agressive de tarifs douaniers au Canada, les leaders politiques du pays ont redoublé d’efforts pour assurer un front commun.
«Je tiens à souligner que chaque juridiction est différente. Partout au pays, d’un océan à l’autre, chacun a ses intérêts à cœur, mais nous sommes tous unis dans le message selon lequel la priorité absolue est de sécuriser notre frontière», a soutenu Doug Ford, lundi matin.
Ce dernier a menacé, la semaine passée, de couper certains produits et services ontariens rendus aux États-Unis, comme l’électricité, en guise de riposte à la menace du président désigné républicain.
Certains de ses homologues, comme les premiers ministres du Québec, François Legault, et de l’Alberta, Danielle Smith, ont fait part de leur désaccord face à cette idée.
Doug Ford assure toutefois que les premiers ministres provinciaux et territoriaux sont d’accord pour réclamer d’Ottawa davantage d’investissements fédéraux aux frontières entre le Canada et les États-Unis, et plus d’efforts pour le recrutement d’agents frontaliers.
«C’était assez triste de voir que le service de police de Windsor utilisait ses propres bateaux pour sécuriser la frontière plutôt que l’ASFC [Agence des services frontaliers du Canada]», a-t-il déploré, ajoutant que la faute ne revient pas à l’ASFC, mais bien au gouvernement fédéral.