Une querelle a éclaté entre le ministre des Affaires municipales et du Logement, Paul Calandra, et la porte-parole néo-démocrate en matière d’opportunités sociales et économiques pour les femmes, Jill Andrew, lundi.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) ontarien a profité de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes pour réitérer son plaidoyer auprès du gouvernement Ford pour que la violence conjugale soit déclarée comme une épidémie.
Appui du gouvernement
Le 10 avril dernier, Paul Calandra, alors Leader parlementaire, avait dit que son gouvernement allait appuyer le projet de loi du NPD à cet effet.
Cette nouvelle avait agréablement surpris l’Opposition officielle, à Queen’s Park.
Paul Calandra avait soutenu que son gouvernement avait l’intention de demander au comité de la justice d’examiner le dossier de la violence conjugale et de formuler des recommandations.
Le comité a entendu près d’une centaine d’experts sur la violence conjugale et la violence à l’égard des femmes, au cours de l’été.
N’empêche, rien n’a avancé depuis, déplore le NPD, qui a critiqué le gouvernement Ford, lundi, pour son «inaction» dans ce dossier.
Demandes répétées
En matinée, la cheffe néo-démocrate Marit Stiles a imploré le gouvernement d’adopter une nouvelle motion visant à déclarer la violence conjugale comme une épidémie, mais elle a été défaite.
Plus tard, en période de questions, Jill Andrew a réitéré la demande de son parti.
«Ce gouvernement conservateur déclarera-t-il aujourd’hui que la violence conjugale est une épidémie afin que l’Ontario puisse débloquer les fonds et les ressources nécessaires pour sauver des vies et faire face à cette crise de santé publique?», a-t-elle demandé.
L’altercation qui a suivi cette question entre Jill Andrew et Paul Calandra a forcé le président de la chambre, Ted Arnott, à les expulser, tous les deux.
Doug Ford esquive
Questionné à propos du refus de son gouvernement face à la déclaration d‘une épidémie, le premier ministre ontarien Doug Ford a répondu qu’il est «à 100%» en faveur d’ une «garantie qu’il n’y ait aucune violence contre les femmes».
Il n’a pas dit pourquoi son gouvernement ne se plie pas à la demande du NPD, comme indiqué par Paul Calandra au printemps dernier.
«Vous savez, j’ai quatre filles, et quiconque touche à mes filles vivrait le pire jour de leur vie, et cela compte pour n’importe qui. C’est inacceptable, et je n’ai aucune tolérance pour toute forme de violence contre les femmes ou contre quiconque, en fait», a-t-il ajouté.
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Le leader parlementaire actuel, Steve Clark, est parmi ceux qui se sont opposés à la motion présentée par Marit Stiles, lundi matin.
«J’ai dit non, parce que je veux que le comité fasse le travail. Nous avons présenté [le projet de loi] en comité, et c’est ce sur quoi nous espérons travailler», a déclaré Steve Clark, en mêlée de presse.
Sa collègue, la ministre associée des Perspectives sociales et économiques pour les femmes, Charmaine Williams, a indiqué que son gouvernement a plusieurs étapes à franchir en comité pour pouvoir aider les victimes et les survivantes.
«Je ne veux pas précipiter les choses», a-t-elle soutenu.
La lenteur du gouvernement ontarien dans ce dossier est «vraiment choquante», a insisté Marit Stiles.
«Nous avons les preuves, nous avons les rapports. Nous avons l‘enquête du coroner, et les recommandations qui disent que la première étape, c‘est de déclarer l’épidémie de violence conjugale. Le gouvernement sait exactement ce qui doit se passer. Il a déjà la feuille de route. Ils tournent en rond», a-t-elle lancé.
Justice
En Ontario, près de 100 municipalités, y compris Ottawa, ont déclaré que la violence conjugale représente une épidémie.
Charmaine Williams a indiqué lundi qu‘une déclaration d’épidémie ne suffit pas.
«Nous avons entendu de nombreuses municipalités déclarer que la violence conjugale était une épidémie. L’Association des municipalités de l’Ontario a organisé une grande conférence et ont demandé : « Quelle est la prochaine étape ?»
Or, cette déclaration n’est pas que symbolique, selon les experts.
Si la province décide aussi de le faire, cela pourrait aider les victimes de violence conjugale dans leurs dossiers judiciaires, comme lors des demandes d’ordonnance de protection ou de garde des enfants.
«La déclaration renforcerait encore notre argument en termes de demande de garde, par exemple, pour les femmes qui ont été victimes de violence conjugale si l‘enfant a été exposé à la violence domestique, en termes d’argumentation, en faisant valoir que la garde devrait être accordée à la mère plutôt qu’au père», a indiqué la vice-présidente des Services d’aide juridique du Centre francophone de Toronto, Aissa Nauthoo.