Avec les drapeaux ontarien, canadien et américain en toile de fond, le premier ministre Doug Ford est sorti de son bureau, mardi matin, pour réagir à «la plus grande menace que nous ayons jamais reçue de la part de notre plus proche ami et allié».
Lundi soir, le président-élu des États-Unis Donald Trump a indiqué qu’il veut imposer ces tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits du Canada et du Mexique entrant aux États-Unis, dès janvier.
Donald Trump s’est plaint que «des milliers de personnes affluent par le Mexique et le Canada, amenant la criminalité et la drogue à des niveaux jamais vus auparavant».
«Le Canada n‘est pas le Mexique. Nous faisons à nous seuls environ 500 milliards de dollars d’échanges commerciaux bilatéraux. J’ai trouvé ses commentaires injustes. Je les ai trouvés insultants. C’est comme si un membre de la famille vous poignardait en plein cœur», a-t-il lancé.
Doug Ford et ses homologues des autres provinces et territoires se sont récemment entendus pour exclure le Mexique des négociations de libre-échange entre le Canada et les États-Unis.
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, qui a dit avoir eu «un bon appel» avec Donald Trump lundi, rencontrera les premiers ministres provinciaux pour parler de la relation canado-américaine mercredi, à 17 h.
Le premier ministre de l’Ontario s’était récemment dit «optimiste» face à la réélection du républicain Donald Trump à la Maison-Blanche.
N‘empêche, les craintes liées à l‘approche économique protectionniste du président-élu se concrétisent et les «opportunités d’accroître les échanges et la coopération entre l’Ontario et les États-Unis» que souhaitait Doug Ford pourraient s’évaporer.
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«J’espère que nous n’en arriverons pas là, mais si c’est le cas, nous n’avons pas le choix. Nous devons riposter. Nous devons riposter, pas contre les Américains, mais contre l’administration qui a pris la mauvaise décision à ce sujet. C’est très simple», a indiqué Doug Ford.
Le premier ministre Doug Ford insiste: les Américains ont besoin des produits ontariens, comme les minéraux essentiels et l’énergie.
«Notre réseau électrique ici en Ontario peut envoyer de l’énergie jusqu’en Floride, et il n’y a pas si longtemps, il y a quelques semaines à peine, peut-être il y a un mois, une catastrophe naturelle a eu lieu en Caroline du Nord. Devinez qui est venu à la rescousse pour soutenir nos amis américains. Nous avions chargé des camions hydroélectriques en route vers la Caroline du Nord pour rétablir leur réseau électrique. C’est ce que font les amis. C’est ce que font les alliés. Ils ne se tournent pas le dos», a plaidé Doug Ford.
Réactions
L’annonce de Donald Trump a fait fortement réagir dans le monde des finances, au Canada.
«Être le “gentil voisin” des États-Unis ne nous mènera nulle part dans cette situation», a indiqué la présidente et chef de la direction de la Chambre de commerce du Canada, Candace Laing.
«L’approche emblématique du Canada doit évoluer: nous devons être prêts à encaisser quelques coups si nous voulons affirmer notre position. Il est temps de remplacer le “désolé » par “désolé… mais c’est comme ça ».», a-t-elle ajouté.
D’après les calculs de la Chambre de commerce du Canada, un tarif général de 10% réduirait la taille de l’économie canadienne de 0,9 à 1 %, entraînant des coûts économiques d’environ 30 milliards de dollars par année.
Aux États-Unis, le coût en serait de 125 milliards de dollars américains.
La proposition du président-élu porterait préjudice aux entreprises des deux côtés de la frontière et «éroderait la force économique et géopolitique de l’Amérique du Nord», selon la directrice générale du Conseil des affaires canado-américaines, Beth Burke.
Le Canada «doit prendre la déclaration de Trump très au sérieux et présenter un front uni pour répondre à ce défi», a quant à lui souligné le vice-président des Affaires nationales de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, Jasmin Guénette.
«L’incertitude entourant l’enjeu des tarifs douaniers exercera des pressions sur les PME canadiennes et pourrait changer leurs plans de croissance», a-t-il affirmé.
À Ottawa, le Regroupement des gens d’affaires estime que Donald Trump effectue une «manoeuvre d’intimidation».
«N’oublions pas que Donald Trump est un négociateur-né», a avancé la directrice générale du RGA, Pascale de Montigny Gauthier, dans un communiqué.
«Il n’est pas étonnant qu’il mette la table en vue des discussions entourant le renouvellement de l’accord Canada- États-Unis- Mexique en 2026.»