La cérémonie a été animée par Rachelle Lavoie, spécialiste en méditation et guérison, et sa collègue Renée Charette, qui ont captivé le public en explorant le rôle spirituel et médical des femmes dans l’Antiquité.
Rachelle Lavoie et Renée Charette ont ouvert la cérémonie en revenant aux origines lointaines des sociétés préchrétiennes, où les femmes occupaient un rôle central, aussi bien spirituel que médical. Avant l’arrivée des religions abrahamiques et de la domination patriarcale, ont-elles expliqué, les communautés vivaient en harmonie avec la nature et les cycles saisonniers. Ces sociétés vénéraient la lune, les saisons et les éléments naturels, qu’elles considéraient comme des manifestations de divinités bienveillantes. Dans ce contexte, les femmes étaient perçues comme ayant une connexion particulière avec ces cycles naturels, car leurs propres rythmes biologiques s’alignaient souvent sur ceux de la lune.
Dans ces sociétés matriarcales, les femmes jouaient un rôle essentiel en tant que guides spirituelles, oracles et guérisseuses. Leur savoir en matière de plantes et de médecine naturelle était respecté et partagé au sein des communautés, et ces femmes, appelées « femmes médecine », prenaient soin des maux et des blessures de leurs proches en utilisant des herbes, des huiles et des pratiques de guérison naturelle. Ce savoir empirique et intuitif leur conférait un statut éminent et un pouvoir spirituel que personne ne remettait en cause.
Cette harmonie s’est effritée avec l’émergence de l’influence religieuse et patriarcale, marquant un tournant dans l’histoire des femmes et de leur rôle dans la société. L’Église chrétienne, en quête d’une emprise sur la spiritualité et la morale des populations, voyait d’un mauvais œil ces pratiques ancestrales. Au fil des siècles, cette méfiance a semé la peur et la suspicion, stigmatisant les connaissances et intuitions féminines. Des pratiques autrefois courantes sont devenues suspectes, et les femmes qui les perpétuaient se sont vues qualifiées de « sorcières ».
Rachelle Lavoie a souligné devant l’auditoire que cette diabolisation était liée au rejet de tout ce qui était perçu comme féminin, naturel et intuitif. La féminité avec ses symboles de beauté, de sexualité et de lien privilégié avec le monde invisible est progressivement devenue un objet de méfiance, jugé impur et même diabolique. Le résultat fut un déclin brutal du statut des femmes dans les sociétés européennes et l’émergence de l’image stéréotypée de la sorcière, vue comme une menace.
Mme Lavoie a également rappelé que cette transformation de la perception des « sorcières » a conduit aux chasses aux sorcières, un sombre épisode de l’histoire. À partir du Moyen Âge, des milliers de femmes, souvent guérisseuses ou sages-femmes, ont été faussement accusées de sorcellerie, torturées et exécutées sous prétexte de protéger la société du mal. Rachelle a expliqué que bien des victimes n’étaient même pas des praticiennes des anciennes croyances, mais de simples femmes indépendantes ou éduquées qui n’entraient pas dans les normes sociales de l’époque. Cette vague de persécutions, motivée par la peur de l’inconnu et l’ignorance, a laissé une empreinte durable et traumatisante sur l’image des sorcières dans l’inconscient collectif.
Mélissa Vernier
Mélissa Vernier, qui a mis en œuvre cet évènement unique, a expliqué l’importance de tels rassemblements pour la communauté de Hearst. En offrant un espace où les femmes peuvent découvrir l’histoire de leurs ancêtres et réfléchir à la manière dont ces héritages façonnent encore nos vies aujourd’hui, l’Écomusée de Hearst se positionne comme un lieu de partage, de connaissance et de guérison.
« Le Thé des sorcières n’est pas simplement un moment festif. C’est aussi un acte de reconnaissance envers toutes ces femmes qui ont payé de leur vie leur désir de soigner, de protéger et de s’exprimer librement », a déclaré Mme Vernier, émue, lors de son discours de clôture.
L’atmosphère de l’évènement était immersive et conviviale, rehaussée par des costumes et des décorations inspirés d’Halloween. La majorité des participants avaient joué le jeu en se déguisant, ajoutant une touche de mystère et de magie à la journée. En parallèle des présentations historiques, des collations thématiques avaient été préparées par Joël Lauzon, dont des pains et des biscuits sucrés, offrant une variété de saveurs appréciée par l’ensemble des invités. Marie LeBel, quant à elle, s’était occupée de la préparation du thé, un détail qui ajoutait à l’expérience immersive et chaleureuse du Thé des sorcières.
Pour Mélissa Vernier, cet évènement est une réussite et marque un moment fort pour l’Écomusée de Hearst. Elle voit dans le Thé des sorcières un moyen de valoriser des savoirs anciens tout en offrant à la communauté un espace d’échange et de réflexion.