Souvent considérés comme la relève de Kashtin, les membres sont également originaires de Uashat-Maliotenam près de Sept-Îles au Québec. C’est l’une des premières fois en 23 ans de carrière que le groupe part en tournée en région, et surtout dans des communautés allochtones comme ils le font depuis les deux dernières années. « On va s’amuser ! Il y a un peu d’éducation, un peu d’histoire aussi, d’où viennent nos inspirations et tout ça. Les gens apprécient beaucoup les histoires qu’on raconte entre les chansons », affirme Mathieu McKenzie.
Maten a invité le groupe musical atikamekw Black Bear à se joindre à eux sur scène au gala de l’ADISQ en 2023 pour interpréter la chanson Nitepuatauat, tirée de leur dernier album.
Le groupe Maten a vu le jour à la fin des années 90, après avoir grandi au son de la musique autochtone très présente dans leur région. Les membres sont Samuel Pinette, Mathieu McKenzie et Kim Fontaine ; tous les trois ont assisté chaque année depuis leur enfance au Festival Innu-Nikamu. Considéré comme l’un des plus grands festivals de musique autochtone du continent depuis maintenant 40 ans, son rayonnement permet encore à ce jour à des artistes de faire de la musique dans leur langue maternelle.
« Ensuite de cela, il y a eu des groupes de chez nous qui ont connu du succès, comme Kashtin qui ont connu une carrière internationale et on a gravité autour de ce monde-là. Plusieurs autres ont été moins connus que Kashtin, mais qu’on a vu évoluer et à l’adolescence, bien, on a commencé à être un petit peu plus sérieux », explique Mathieu.
Innu-aimun
Maten, ça signifie un froid intense, un mot très imagé que M. McKenzie décrit comme le brouillard au niveau de l’eau, qui sort au début de l’hiver signifiant que le froid est arrivé. « Nos ancêtres voyaient ça et ils étaient sur le territoire et quand ils voyaient ça le matin, ça annonçait qu’il allait faire froid cette journée-là. »
Le groupe a toujours chanté dans sa langue maternelle : l’innu-aimun. Ce ne sont pas tous les membres des Premières Nations, Métis et Inuits qui ont la chance de grandir avec une conservation de leur langue comme les habitants de Uashat-Maliotenam.
Selon les données de 2021 de Statistique Canada, l’innu-aimun est la langue maternelle de 9 490 personnes au Canada. Lors du recensement de 2016, sur une population totale de 3 125 personnes de Uashat-Maliotenam, 85,9 % connaissent une langue autochtone. Plus précisément, 79 % ont une langue autochtone parlée et comprise comme première langue encore, et 82,4 % parlent cette langue à la maison.
Les trois artistes sont issus de la communauté innue qui diffère des Inuits et qui porte souvent à confusion pour ceux qui ne connaissent pas bien le sujet. « On est situé sur le bord du fleuve Saint-Laurent, notre communauté fait partie de la Côte-Nord (du Québec), c’est sablonneux chez nous. Ça ressemble à Playa Del Carmen au Mexique, mais c’est sur le bord du fleuve. Il y a aussi l’embouchure de notre rivière à saumon, la Moisie, c’est tout ça notre territoire. Le monde pense qu’on arrive de Kuujjuaq pis du nord, mais non », explique Mathieu McKenzie.
Malgré le succès qu’ils connaissent avec leur musique, les membres de Maten n’ont jamais eu l’intention de quitter leur communauté. Là-bas, ils ont leur vie, leurs familles, leurs enfants et ils occupent tous d’autres emplois quand les tournées prennent une pause.
À son tour, le groupe Maten a su inspirer la jeunesse, comme l’a fait l’auteur-compositeur-interprète Scott-Pien Picard, qui est venu à Hearst pour l’édition de 2023 du Coup de cœur francophone. « On le connait bien lui, c’est un gars de chez nous. Scott émerge de nous autres, il a écouté du Maten quand il était jeune. Nous, on a écouté du Kashtin en grandissant et cette génération-là a écouté du Maten plus », conclut-il.