Lorsque l’Université de Hearst a reçu son statut d’établissement indépendant, Patrimoine Canada lui a versé 3 millions de dollars sur trois ans pour tous ses projets, incluant la transition vers l’autonomie. La province devait donner le même montant, mais le reste des fonds n’est jamais arrivé. La réalité est tout autre cette année : au lieu d’avoir des surplus comme les 2 983 038 $ de l’an passé, c’est avec un déficit de 58 155 $ que l’institution termine son année fiscale 2024.
La nouvelle rectrice, Aurélie Lacassagne, travaille pour essayer de trouver des réponses auprès du gouvernement ontarien. Lors de ses nombreuses rencontres avec les fonctionnaires, le discours est toujours le même : le montant versé au début pour la transition était la somme pour « matcher » les fonds fédéraux.
Après avoir fait des démarches auprès des fonctionnaires, Mme Lacassagne a écrit une lettre explicative qu’elle a envoyée à tous les ministres fédéraux et provinciaux concernés, aux députés de la région ainsi qu’aux membres du comité parlementaire des langues officielles. « Parce que Patrimoine canadien, même si ce n’est pas de sa faute, c’est sa subvention et ils ont des obligations. Je suis donc dans les démarches politiques à rencontrer des politiciens à essayer de faire du bruit pour que peut-être en haut quelqu’un dise aux fonctionnaires d’envoyer le chèque. Mais je n’ai pas espoir. »
Selon la rectrice, l’erreur fondamentale que la province a faite c’est de donner beaucoup d’argent en très peu de temps. « Sauf que les besoins pour la transition sont en continu, on ne fait pas ça en deux ans, il y a des choses à mettre en place, des choses à réajuster. C’est vrai que l’indépendance a fait en sorte qu’il y a des postes administratifs qui ont été créés et dont on a besoin en tant qu’institution indépendante. »
La masse salariale est devenue assez importante du même coup. Les salaires en administration pour 2024 étaient près de 2,15 millions de dollars comparativement à 1,57 million en 2023 et 1,31 million en 2022. « Nous pouvions l’absorber quand nous avions l’argent, mais il n’y a plus ces fonds-là. Donc, il y a un problème de trésorerie si tu veux et j’ai des défis budgétaires. Le budget a été déposé au mois de mai et les prévisions étaient déficitaires, alors mon conseil d’administration m’a demandé de le réduire », indique Mme Lacassagne.
Malheureusement, la créativité quant à l’augmentation des revenus dans une université est très limitée. « La seule chose que je pouvais faire, c’est d’essayer de réorganiser mon organigramme. J’ai eu de la “chance”, il y a des gens qui sont partis, j’ai eu des démissions que je ne remplacerai pas. J’ai baissé des postes aussi de direction pour les remettre à des niveaux plus bas, ce qui me permet de baisser l’échelle salariale. Il y a eu toutefois un licenciement, malheureusement. »
Mme Lacassagne précise que plusieurs des universités qui ont été fondées par l’Église, comme l’Université de Sudbury et Saint-Paul, ont reçu des « trésors » de la part des communautés religieuses à leur départ, mais pas l’UdeH. « Donc, on n’a pas et on n’a jamais fait des surplus énormes qui auraient pu nous faire une grosse réserve. »
La Fondation de l’Université de Hearst a remis à la rectrice une somme d’argent afin de créer un poste d’un an en philanthropie et en collecte de fonds. « Il faut que j’aille chercher de l’argent et ces montants ne seront pas utilisés pour payer des salaires de profs. C’est plutôt pour faire du développement de programmes, investir dans les infrastructures et pour les bourses d’études, pour éviter que les bourses soient sur mon budget opérationnel. »
L’Université de Hearst aura 75 ans en 2028 et Aurélie Lacassagne mijote déjà des idées de collectes de fonds pour l’évènement. Elle est même allée faire une intervention dans la classe de M. Zack Dorval en marketing. « Je lui ai dit : si tu te cherches un projet pour tes étudiants, ça serait bien qu’ils conçoivent une stratégie de collecte de fonds pour le 75e. Souvent, les anniversaires d’une organisation comme ça, c’est une belle manière de faire de grandes campagnes de collecte de fonds. »
Il est trop tôt encore pour être alarmé de quoi que ce soit selon la rectrice. Toutefois, elle poursuivra ses efforts pour retrouver un équilibre budgétaire et les entrevues commenceront dans les prochaines semaines pour l’embauche d’une personne spécialisée en philanthropie.
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