Pour une troisième fois, la Ville de Hearst doit ajouter de l’argent pour exécuter les travaux effectués à la piscine Stéphane-Lecours. Cette fois-ci, les élus ont démontré leur ras-le-bol. Le conseil déplore le manque de transparence, de professionnalisme et de rigueur de la part des entrepreneurs.
Une nouvelle surprise attendait l’équipe responsable de la réfection de la piscine StéphaneLecours lorsqu’est venu le temps de travailler dans le coin du hall d’entrée. Le terrain ne serait pas suffisamment solide pour les travaux à accomplir. Des pieux seraient, entre autres, à ajouter. L’entreprise Quinan Construction demandait 131 676,34 $ en surplus pour faire les travaux supplémentaires. Après vérification des responsabilités de chaque part, les deux parties se sont entendues sur une somme de 69 703,13 $.
Les élus en avaient long à dire lors de la rencontre spéciale du conseil municipal tenue mardi dernier sur l’heure du diner. « Moi, je commence à en avoir mon voyage », indique le maire Roger Sigouin. « Surtout qu’on prend des architectes pour faire une job au commencement. Ils sont censés être qualifiés pour faire ce qu’ils proposent. Je peux comprendre qu’il y a des complexités qui ressortent, mais c’est toujours nous autres qui faut qu’on mette nos mains dans nos poches pour payer. Je ne suis pas impressionné de cette gang-là pantoute pis je ne me gênerai pas pour le dire. Ma frustration est rendue… »
La Ville avait budgété une somme de 6 675 412 $ pour les travaux de réfection du Centre récréatif Claude-Larose et la piscine Stéphane-Lecours. Les travaux devaient être terminés pour la prochaine saison d’activités, ce qui ne semble plus être réaliste. « Ils retardent toujours le projet et ils n’ont pas de solution. La solution c’est toujours de venir chercher de l’argent dans les poches de la Ville. Je commence à en avoir assez. » La Ville avait réservé une partie du budget justement pour les potentielles surprises. Actuellement, il ne reste qu’environ 206 000 $ de disponible et les travaux sont loin d’être terminés. « Ça ajoute aussi beaucoup de travail sur notre personnel », indique la conseillère Josée Vachon. « Ce sont des couts qu’on ne voit pas, mais qui s’ajoutent. »
Le conseiller Martin Lanoix va plus loin. Il estime que l’entreprise n’est pas honnête avec la Ville. « Je me demande pourquoi ils n’ont pas vu ça avant. Il manque beaucoup de détails sur leur soumission. J’ai à peu près 10 à 15 notes qui n’ont pas été répondues par eux autres. On a été répondus par parabole. Ils ne sont même pas capables d’être honnêtes et de donner de vraies réponses. Et après ça, le devant de l’aréna n’est même pas fait encore ! Pourquoi ce n’est pas commencé ? On va tomber encore en retard. Il manque beaucoup de réponses et de transparence de la part des ingénieurs qu’on a payés des prix de fou. Je trouve qu’on n’a pas le service pour le prix qu’on met dedans. »
« Non seulement on ne respecte pas le cout initial, mais on ne respecte pas le temps parce que si je comprends bien, on va retarder l’ouverture de six semaines », avance le conseiller Daniel Lemaire.
Tous les élus étaient unanimes autour de la table. « Je comprends qu’il y a des choses que tu ne peux pas voir quand c’est souterrain, mais j’étais sous l’impression que JLR l’avait déjà calculé dans la soumission », ajoute pour sa part le conseiller Joël Lauzon. « Là, j’ai l’impression qu’on prend les citoyens et la Ville en otage sur notre projet, comme “ si vous ne payez pas, vous l’aurez pas ”. C’est frustrant », déplore-t-il.
La firme d’ingénierie et d’architecture J. L. Richards & Associates a été pointée du doigt à plusieurs reprises. « Arriver avec des dépassements de cout pour des choses dans les murs et le plancher c’est une chose, mais arriver avec des dépenses, par exemple les gicleurs pour incendie, franchement tu prévois ça au départ ; je trouve que c’est de la négligence », explique le conseiller Martin Lanoix.
Le directeur général de la Ville, Éric Picard, a tenté de tempérer les choses. « On nous a dit que le leadeur du projet a changé et je trouve que l’entreprise prend beaucoup plus au sérieux le projet et ils répondent plus vite aussi. » Au niveau du prix également, ses recherches démontrent que le cout est encore dans les normes. « L’information que j’ai eue, selon les statistiques, pour une bâtisse de cet âge-là, 10 % d’augmentation pour ce genre de projet, ce n’est pas hors norme. Il faut dire qu’ils ont trouvé des choses qui n’étaient pas sur plan à nulle part, donc on ne pouvait pas le savoir jusqu’au moment du creusage. »
L’un des problèmes se retrouve au moment de la construction dans les années 70. Les plans n’étaient pas conformes à la réalité et des ajouts ont été réalisés au fil des ans sans laisser de traces dans les archives.