Déjà près de deux ans que la boucherie Dumouchel Meat & Deli n’appartient plus à la famille Dumouchel. Trois générations de la famille ont mené la boucherie du quartier Vanier fondé en 1948. Le nouveau propriétaire, Ian Slipacoff, s’assure de garder les valeurs de cet endroit bien connu des gens du secteur.
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Charles Fontaine – IJL – Réseau.Presse – Le Droit
« C’est incroyable, ça fait déjà presque deux ans», dit M. Slipacoff en début de rencontre.
Tout sourire avec ses employés, on voit tout de suite que celui qui a pris les rênes de la boucherie en février 2021 est heureux de sa récente acquisition.
« On est une équipe. Je me lève le matin et je suis heureux de venir à la boucherie », ajoute-t-il.
Ian Slipacoff est la troisième génération de bouchers dans sa famille. Il travaillait auparavant à l’entreprise familiale Slipacoff’s Premium Meat à Ottawa qui se spécialise dans la vente de viande en gros.
Sa tâche était de communiquer avec les clients pour les commandes, qu’il réglait par téléphone. Maintenant, il les rencontre face-à-face.
« J’aime être avec les clients et jaser chaque matin. C’est moi qui les accueille quand ils rentrent. Je connais les noms et les commandes. C’est la chose la plus importante, je crois », dit Ian Slipacoff.
1000 boulettes à l’heure
L’objectif du costaud boucher en prenant les commandes à la boucherie était d’améliorer. Il a d’abord changé de fournisseur pour sa viande hachée. Il fait affaire avec la ferme Beverley Creek, située à Millgrove, près de Burlington en Ontario, où les vaches sont nourries à l’herbe.
« C’est de meilleure qualité et on a gardé les mêmes prix. C’est vraiment important de garder les prix », soutient-il.
Cette viande est utilisée pour les boulettes à hamburger qui sont confectionnées dix fois plus rapidement qu’avant. M. Slipacoff s’est procuré une machine qui peut faire 1000 boulettes par heure. C’est pratique quand il doit fournir un BBQ pour une école !
Il va aussi lancer une formule de commande en ligne sur le site web de l’entreprise dans quelques semaines. « C’est une boucherie de région. On a des clients qui ont acheté leur viande toute leur vie ici. Mais plusieurs ont déménagé ailleurs à Ottawa. Alors ça leur permet d’avoir nos produits plus facilement, parce qu’on offre aussi la livraison », explique-t-il.
Inflation et main-d’oeuvre
Le problème de l’inflation et de la main-d’œuvre est commun à la plupart des entreprises. Mais le nouveau propriétaire semble avoir bien tiré son épingle du jeu.
Même s’il a dû augmenter ses prix en raison de l’augmentation des coûts de ses fournisseurs, il croit avoir gardé les prix compétitifs. « Les clients nous disent que parfois nos produits sont moins chers qu’en épicerie. »
Quand il perd un membre de l’équipe, il perd des bras pour une ou deux semaines sans plus. La boucherie a un bon réseau de contacts pour venir suppléer en cas de besoin.
Tradition francophone
Avec le drapeau franco-ontarien accroché à la devanture du magasin, Dumouchel Meat & Deli affiche clairement ses couleurs. Ça représente la famille fondatrice. Le premier propriétaire a été Émond Dumouchel, tandis que Bernard et Sylvie Dumouchel ont conclu l’histoire de la famille à la boucherie.
Lorsque le couple Dumouchel a appris que leur fils Patrick n’allait pas prendre la relève, ils ont décidé de prendre leur retraite et de vendre l’entreprise.
Même s’il n’est plus propriétaire, Bernard Dumouchel voit son nom de famille affiché en gros caractère chaque fois qu’il fait ses emplettes. « Au début c’était dur, les émotions, tout ça, se souvient-il. Je viens juste d’aller à la boucherie et je suis content que ça aille bien. J’ai choisi un bon monsieur pour continuer les traditions de ma boucherie. »
Les clients sont aussi heureux que l’essence de leur boucherie reste la même. « C’est comme un peu la famille quoi, dit Yohan Ndahiro, un client régulier. Nous, en tant que clients, on est toujours là au même rythme. On n’a pas vu de changements, c’est pour le mieux. »
M. Dumouchel remarque que M. Slipacoff prend plus avantage des réseaux sociaux qu’il ne le faisait, ce qui est bon pour l’entreprise.
Il est heureux de revoir ses anciens employés, toujours présents à l’arrière du comptoir. « Je suis content que ça continue. Il a gardé tous mes employés. C’est le fun de voir ça, la tradition continue. Il est bilingue, alors il a gardé le bilinguisme dans la boucherie, c’était bien important pour moi. »