le Mercredi 16 octobre 2024

Les jeunes Noirs, de plus en plus nombreux dans le système scolaire franco-ontarien, continuent de se heurter à du racisme. Mais de plus en plus d’intervenants du milieu en sont conscients et développent des pratiques et des outils pour y remédier.
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François Bergeron – IJL – Réseau.Presse – l-express.ca

C’est ce qu’on a entendu, ce samedi 4 février, au premier Forum provincial sur le racisme systémique dans le système scolaire. Organisé par Point Ancrage Jeunesse (PAJ) au campus torontois du Collège Boréal, l’activité a attiré environ 80 personnes sur place et autant en ligne.
Témoignages de jeunes
Plusieurs jeunes y sont venus témoigner de leurs expériences plus ou moins blessantes et démotivantes: incidents apparentés à des « microagressions » ou, plus graves, à du dénigrement et à de l’exclusion.
Plusieurs professionnels du milieu scolaire y participaient :
• intervenants directs en inclusion de la diversité, comme Yves-Gérard Méhou-Loko (commissaire en équité et droits de la personne au Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario) et Shondra Mings (agente en équité et droits de la personne au Conseil scolaire Viamonde);
• conseillers itinérants comme Yollande Dweme-Pitta et Céline Duguay du COPA (Centre ontarien de prévention des agressions);
• enseignants comme David Legagneur (initiateur d’un projet d’aide aux jeunes Latinos et Noirs) et Anne Vinet-Roy (la présidente de l’Association des enseignants franco-ontariens).
La consultante en technologie éducative Alice Fomen, retenue par PAJ pour créer en 2023 une plateforme de sensibilisation au racisme anti-Noirs, est venue rendre compte de l’évolution du projet.
Succès

Crédit : François Bergeron

« On aurait souhaité avoir une plus grande présence des conseils scolaires franco-ontariens » au forum, a commenté Yves-Gérard Méhou-Loko en entrevue à l-express.ca. L’ancien animateur de radio à Toronto, puis enquêteur au commissariat aux services en français de l’Ontario, estime que « ce sont des enjeux difficiles, mais urgents ».
Il a toutefois qualifié le forum de « succès », notamment en raison de « la participation de la communauté ».
C’est aussi l’évaluation de la principale organisatrice, Edwige Ngom, fondatrice et présidente de PAJ. « Le succès a dépassé mes espérances », dit-elle, en promettant déjà « une suite ».
« Ce n’est que le début. De belles collaborations sont à venir. »
Équité et inclusion dans nos écoles
« Nous avons parlé beaucoup de ce qui se passe dans les écoles parce que c’est là où tout commence pour nos jeunes », explique-t-elle. Mais des ateliers de PAJ, à l’automne, ont aussi abordé le racisme dans les systèmes de santé, de services sociaux et de justice.
Yves-Gérard Méhou-Loko et Shondra Mings ont tous deux confié qu’ils étaient très occupés dans leur travail, chacun auprès d’une cinquantaine d’écoles. En plus de faire de la formation du personnel et d’élaborer des politiques pour leur conseil scolaire respectif, ils font aussi office de « bureau de plaintes » et doivent mener des enquêtes.
Atmosphère détendue
Tout n’était pas que constatations déprimantes à ce forum. Au contraire même : l’atmosphère était détendue et quelques activités éducatives ludiques étaient au programme.
Le jeu du COPA pour identifier les groupes possédant plus ou moins de pouvoir dans notre société occidentale a suscité son lot de commentaires facétieux.

Crédit : François Bergeron

Outre le racisme, on a aussi épinglé le sexisme et l’homophobie, l’abus de pouvoir et le harcèlement en milieu de travail, le suprémacisme anglo et le « centrisme chrétien », ainsi que le « capacitisme » (discrimination envers les handicapés).
Un plan de match
Darline Drouinaud, coordonnatrice des services à la jeunesse au Centre francophone du Grand Toronto, a proposé aux jeunes d’avoir un « plan de match » pour les occasions où ils sont témoins ou victimes de racisme. Selon elle, « les jeunes devraient identifier d’avance des amis ou alliés à qui se confier ».
Anne Vinet-Roy a salué, elle aussi, « un très bel événemen »… Important parce que les membres de l’AEFO « évoluent dans des milieux où il y a, veut, veut pas, du racisme systémique », tant par rapport aux élèves qu’aux membres du personnel.

Crédit : François Bergeron

Et « nous voulons faire partie de la solution », dit-elle. « Nous voulons être des alliés. »

 

Photos principale : François Bergeron

 

La Communauté du Trille blanc, un projet de « Village » francophone pour aînés dans la région de York, au Nord de Toronto, vient d’embaucher une directrice générale: Lori-Ann Seward.

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François Bergeron – IJL – Réseau.Presse – l-express.ca

 « Il s’agit d’un moment historique pour la Communauté du Trille blanc », souligne le président Jean Bouchard, l’ancien directeur de l’école secondaire catholique Renaissance à Aurora.

« Mme Seward possède toutes les qualités que nous recherchions: son engagement envers le bien de la communauté, son sens accru des affaires, et ses qualités innées pour mener à bien les campagnes de financement. »

Le Conseil d’administration était à la recherche de sa direction générale depuis un an.

Un « Village » francophone

Créé en 2019, l’organisme sans but lucratif a tenu sa troisième assemblée générale annuelle ce samedi 28 janvier à Newmarket. Quelques maires des municipalités de la grande région de York, des élus à Queen’s Park et à la table de conseils scolaires, ainsi que des amis issus de la communauté francophone et francophile y participaient.

Le groupe veut construire « un milieu d’habitations et le développement de services en français destinés à une population âgée et accueillant des personnes francophones et francophiles de tous âges afin de favoriser les échanges intergénérationnels ».

Ce projet de 220 millions $ comporterait trois volets, à réaliser simultanément ou par étapes:

L’ensemble desservirait directement environ 400 personnes. Il comprendrait aussi des bureaux et des commerces, une garderie, des services de santé, des espaces de réunion, de loisirs et de restauration.

Idéalement, il serait situé à proximité des espaces verts de la Moraine.

Financement tous azimuts

L’horizon 2025 pour l’inauguration de ce « Village » est « ambitieux », reconnaît la vice-présidente Carole Drouin. Avant de sélectionner son terrain et de l’acheter (trois endroits sont considérés), le projet a besoin de financement fédéral, provincial, local et privé.

« J’aurais aimé vous annoncer aujourd’hui que nous avions notre terrain », a dit Jean Bouchard à l’AGA. « Mais il est encore prématuré de le faire malgré les avancées importantes de nos discussions avec les municipalités et le gouvernement de l’Ontario. »

Déjà, le couple Carole et Steve Mirkopoulos a offert un prêt sans intérêts de 10 millions $. Un autre donateur, qui préfère rester anonyme, a fait un don de 150 000 $ sur trois ans.

Lors de l’AGA, un prix de reconnaissance du Trille blanc a été remis au couple Betty et Paul Durocher, qui a siégé au premier comité de travail de la Communauté du Trille blanc, et qui continue de participer au projet.

« Montrez-moi où je dois signer ? »

L’équipe a l’appui de l’AFRY (Association des francophones de la région de York). Elle occupe d’ailleurs un petit bureau dans les locaux de l’AFRY.

La FARFO (Fédération des aînés et retraités francophones de l’Ontario) et d’autres agences locales et provinciales suivent le projet avec intérêt. « Je suis prêt à m’inscrire à la liste d’attente pour habiter au Trille blanc », a lancé à l’AGA le président de la FARFO, Jean-Rock Boutin. « Montrez-moi où je dois apposer ma signature ! »

L’ancien président de l’AFO (Assemblée de la francophonie de l’Ontario), Carol Jolin, qui habite pourtant dans l’Est ontarien, s’est joint au CA pour participer aux efforts de financement. « Il agira à titre d’interlocuteur principal pour notre Comité des relations politiques et gouvernementales », a précisé Jean Bouchard.

« En plus d’améliorer l’accès aux soins de longue durée en français, je constate que ce projet vise à tisser des liens à plusieurs niveaux », a remarqué la député provinciale Dawn Gallagher Murphy.

Pour le maire d’Aurora, Tom Mrakas, « les Franco-Ontariens ont apporté des contributions économiques, culturelles et caritatives importantes et durables à Aurora, à la région de York et à toute la province ».

Lori-Ann Seward

La nouvelle DG Lori-Ann Seward est originaire de Kapuskasing, dans le Nord de l’Ontario. Diplômée en Administration des affaires de l’Université Laurentienne, elle possède aussi un certificat d’études supérieures en Collecte de fonds et gestion des ressources.

Elle a notamment été directrice des programmes résidentiels pour femmes au sein de Cornerstone to Recovery (Newmarket-Barrie), gestionnaire des relations au sein de Centraide de Simcoe Muskoka, cheffe de projet social au sein de la Clé d’la Baie (Simcoe), dont elle a été présidente du Conseil d’administration de 2010 à 2019.

Et « son parcours de bénévolat est tout aussi impressionnant que son parcours professionnel ».

Ses nouvelles priorités comprennent notamment l’embauche de personnel pour le bureau de la Communauté du Trille blanc, l’achat d’un terrain, la mise en oeuvre d’un Plan de financement et la réalisation d’un Plan d’affaires visant la création du « Village » pour les personnes âgées francophones dans la région de York.

« Je suis heureuse de me mettre au service de ma communauté francophone dans ce rôle et plus particulièrement de m’investir au mieux-être des personnes âgées, qui méritent la meilleure qualité de vie possible », commente-t-elle.

« C’est sous sa direction que notre rêve deviendra réalité », ajoute Jean Bouchard. Son embauche est « un pas de géant dans la réalisation de notre projet ».

 

 Photos

Crédit : courtoisie

 En demandant des études d’évaluation à répétition et en « reculant la ligne d’arrivée au milieu de la course », des hauts fonctionnaires du ministère fédéral du Patrimoine canadien (PCH) retardent indûment le projet de Maison de la francophonie de Toronto.

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François Bergeron – IJL – Réseau.Presse – l-express.ca

 Les fonctionnaires de PCH nuiraient ici à l’action de la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, qui aurait déjà qualifié de « bijou » ce projet s’inspirant d’infrastructures semblables pour les francophones à Winnipeg et à Vancouver.

« La ministre est très mal servie par ses fonctionnaires », a déclaré le président du comité du projet, l’avocat Kip Daechsel, dans une conférence en ligne, ce jeudi soir 19 janvier, organisée par la Société d’Histoire de Toronto.

Nouvelle étude de faisabilité

La ministre a accordé récemment 100 000 $ au Centre francophone du Grand Toronto pour effectuer une étude de besoin et de faisabilité d’un « lieu de rassemblement » ou d’un « espace communautaire ».

Ce geste a été interprété par certains comme un désaveu du projet de l’équipe de Kip Daechsel. « Ça n’a rien a voir avec notre demande », répond-il. « Nous serions même ravis de donner un coup de main. »

Crédit : capture d’écran par François Bergeron

De fait, la PDG du CFGT, Florence Ngenzebuhoro, a indiqué à l-express.ca que l’équipe du projet de Maison de la francophonie fera sûrement partie des groupes qui seront consultés dans le cadre de l’étude financée par le fédéral.

Cette nouvelle initiative du CFGT « semble être au tout début d’un pèlerinage similaire à celui de la Maison, qui a duré plus de 15 ans », avertit Kip Daechsel. « Il ne faut pas qu’on se laisse jouer par certains décideurs (pas tous) qui n’ont manifestement aucun intérêt à appuyer la francophonie torontoise. »

Consultations

Le comité directeur de la Maison, ajoute-t-il, « a toujours été guidé par les directives reçues de la communauté à travers des consultations ». À l’origine, le Comité consultatif des affaires francophones de la Ville de Toronto avait donné son appui au projet.

« Le seul intérêt du projet est de renforcer le plus grand nombre de composantes possibles de la francophonie torontoise et ontarienne. »

« Le gouvernement du Canada a reçu plusieurs demandes de financement de la part d’organismes sans but lucratif pour des espaces communautaires dédiés à la communauté francophone de Toronto », écrit le cabinet de la ministre Ginette Petitpas Taylor à l-express.ca.

« À ce jour, les demandes de services en français incluant l’aide aux logements, les services en santé mentale et les services juridiques sont en croissance, particulièrement dans la région du Grand Toronto. Par conséquent, le financement annoncé pour le Centre francophone du Grand Toronto permettra le déploiement d’une étude de faisabilité qui déterminera les besoins de la communauté en termes d’espaces communautaires. »

Ça passe ou ça casse

Le fameux projet serait rendu à « l’étape finale », ayant identifié un lieu propice – le 62-64 de la rue Charles Est, dans le quartier Bloor et Yonge – et surtout un propriétaire francophile prêt à vendre (12,5 M $), prêt à attendre que l’équipe sécurise le financement, et même prêt à redonner un million à la cause !

Cette maison de style « Empire français », qui a déjà appartenu à un architecte, a notamment abrité l’Alliance française de Toronto et, au sous-sol, le journal L’Express de Toronto, du milieu des années 1970 au milieu des années 1980.

Ce n’est d’ailleurs que récemment, selon Kip Daechsel, que les fonctionnaires de PCH ont objecté que le caractère historique de l’édifice jetait une ombre sur l’achat et les rénovations.

Évaluations divergentes

Après avoir reçu deux évaluations de la propriété à 12,5 millions $, une de Cushman Wakefield (« une référence dans le domaine ») et une de la part d’experts recommandés par SPAC (Services publics et approvisionnement Canada), les fonctionnaires de PCH – que Kip Daechsel préfère ne pas nommer – ont réclamé une nouvelle évaluation…

« Tout en reconnaissant que nous satisfaisons à tous les critères du programme auquel nous avons adressé notre demande de financement », affirme Kip Daechsel.

Ce nouvel examen, effectué par une firme imposée par PCH mais qui ne figurerait pas sur la liste de SPAC, a conclu à une valeur très inférieure au prix demandé.

Le comité de la Maison a répliqué en commandant une contre-étude à Michael McFarlane, Newmark Valuation & Advisory – encore une fois « l’une des firmes les plus prestigieuses dans le domaine », selon Kip Daechsel. Cette étude de 21 pages de Newmark, dont l-express.ca a obtenu copie, identifie de « multiples erreurs » dans l’étude mandatée par le ministère (mais toujours payée par la Maison).

Ça se discute depuis plus de 30 ans

Kip Daechsel vante un projet porté par la communauté… Mais on en discute plutôt rarement et discrètement depuis plus de 30 ans dans la francophonie torontoise.

Ancien président du Club canadien de Toronto, Kip Daechsel est associé à l’aventure depuis une vingtaine d’années… Il assure que « ce n’est pas mon projet, c’est le projet de toute la communauté ».

En 2014, une soirée en hommage à l’ancien premier ministre Jean Chrétien avait permis de collecter 225 000 $ pour financer les premières démarches de la Maison de la francophonie de Toronto (un projet d’au moins 20 M $).

Une garderie et quelques bureaux d’organismes

Au fil des années, la plupart des institutions franco-torontoises ont acquis ou loué des locaux adaptés à leurs besoins : Alliance française, Théâtre français, Centre francophone, L’Express, Collège Boréal, la nouvelle Université de l’Ontario français…

Aujourd’hui, une garderie Les Bouts d’Choux serait le « locataire principal » de la Maison et occuperait 40 % de l’espace. D’autres organismes – comme FrancoQueer, le MOFIF, l’Entité 3, l’AFO, l’AJEFO, la Société d’Histoire – auraient signifié leur intention d’y installer leurs bureaux et d’avoir ainsi « pignon sur rue ».

« Des salles de réunions et une belle terrasse sont prévues. Le sous-sol sera un espace fort agréable, avec accès direct à l’extérieur. »

La Maison propose à ses membres une occupation en mode coopératif ou en copropriété plutôt qu’un bail traditionnel de location.

« Il est inconcevable », s’insurge Kip Daechsel, « que le gouvernement dise non à la garderie, au MOFIF, à FrancoQueer… »

Selon lui, outre de l’obstruction ou de l’incompétence de la part des hauts fonctionnaires, il y aurait aussi de l’attentisme de la part des gouvernements. « Le fédéral attendrait un engagement du provincial, le provincial attendrait un signal du fédéral. »

Un « actif » francophone à Toronto

Au Centre francophone, Florence Ngenzebuhoro s’interroge : « L’édifice du 62-64 rue Charles Est n’est pas si grand. Va-t-il pouvoir accommoder des rassemblements ou des fêtes de nos communautés culturelles ? C’est peut-être un besoin que va identifier notre étude. »

« La Maison ne prétend pas répondre à tous les besoin », indique Kip Daechsel. « Le but est de créer un actif de la communauté. »

Peu d’organismes franco-torontois, en effet, possèdent leurs propres locaux. La plupart sont locataires.

C’est le cas du Centre francophone du Grand Toronto, qui n’a pas d’affiche à l’extérieur du 555 rue Richmond Ouest, où il loue le 3e étage. Le TfT n’a pas encore son théâtre. Le Collège Boréal, qui loue actuellement le 3e étage du 1 rue Yonge, va louer ses nouveaux espaces à la Distillerie en septembre. Les écoles, évidemment, appartiennent aux conseils scolaires, qui sont à leur tour des entités financées par la province…

La saga de la Maison de la francophonie de Toronto se poursuit. Kip Daechsel entend persuader la ministre des Langues officielles de remettre le projet à l’ordre du jour avec les fonctionnaires de Patrimoine canadien.

Crédit : François Bergeron

Photo principale : courtoisie CFGT

Des hommes alliés d’Oasis Centre des femmes animaient la commémoration annuelle de la tuerie de l’École Polytechnique de Montréal (1989), le 6 décembre au campus torontois du Collège Boréal.

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François Bergeron – IJL – Réseau.Presse – l-express.ca

 Le comité masculin a été formé il y a 5 ans sous le thème « Sa lutte, ma lutte » pour faire valoir que les hommes ont un rôle important à jouer dans l’élimination de la violence faite aux femmes.

Masculinité positive

« La masculinité n’est pas toxique en soi », souligne Dada Gasirabo, la directrice générale d’Oasis. « Les hommes font partie de nos vies : ce sont nos pères, nos frères, nos amis. »

 

Photo : François Bergeron

« La masculinité peut être positive, en appui à l’égalité et la sécurité des femmes. »

Peu de gens savent, a mentionné Dada Gasirabo, qu’Oasis a été cofondé en 1995 par un homme, Renaud Saint-Cyr, un travailleur social qui dirige Alpha-Toronto. Il était présent mardi soir pour continuer de manifester son soutien à la cause des femmes.

Outiller les témoins de violence

Le thème de la campagne 2022 est « Un témoin outillé, une grande différence ». En effet, l’intervention des témoins de violence, à la maison, dans le milieu de travail ou dans la rue, est souvent déterminante pour faire cesser cette violence.

Le réflexe naturel est malheureusement de ne pas réagir, « pour ne pas se mêler des affaires des autres », avec parfois des conséquences tragiques.

Joe Tamko, qui est agent de communication, a témoigné qu’il faut « vaincre sa réticence » d’intervenir dans une dispute, surtout entre deux personnes étrangères croisées sur le trottoir. Il suggère de s’approcher et de demander « est-ce que tout va bien ici ? »

Dada Gasirabo confirme que, dans le doute, on peut envoyer la police vérifier chez des voisins s’il y a un problème. Il y a même un nom officiel pour ça: un « wellness check ».

Traumatisme

Serge Paul, agent de communication à TFO qui milite dans plusieurs organismes de représentation des Franco-Torontois, a raconté – au bord des larmes – la mort d’une cousine et de son bébé aux mains d’un conjoint violent quand il avait 20 ans.

Photo : François Bergeron

La victime cachait la violence qu’elle subissait et aucun membre de la famille ne la soupçonnait.

Arnaud Beaudry, directeur de FrancoQueer, a rappelé que la violence à l’endroit des homosexuels est souvent apparentée à la violence contre les femmes.

La violence est « intersectionnelle » et « intersectorielle », dit-il. Autrement dit : elle peut se manifester partout, dans tous les types de relations et contre toutes les minorités.

Zéro cas, c’est louche

Le président du Collège Boréal, Daniel Giroux, qui est aussi entraîneur de hockey et de soccer, s’est félicité des efforts de l’institution pour sensibiliser ses 1 200 employés et 11 000 étudiants et clients à la prévention de la violence.

« Nous traitons quelques cas chaque année », dit-il, « ce qui nous vaut une note dans des rapports officiels et d’autres tracasseries. »

« Mais c’est parce que nous faisons notre travail. Des collèges et universités plus grosses qui rapportent zéro cas : le gouvernement devrait trouver ça louche ! »

Sensibiliser dès l’enfance

Lui-même était inquiet, il y a quelques mois, quand l’université de son fils a téléphoné pour lui faire part d’un « incident ». Mais c’était pour lui apprendre que son fils avait dénoncé un acte de violence dont il avait été témoin !

« J’étais heureux », dit-il, « mais franchement je n’aurais pas su d’avance comment il aurait réagi dans de telles circonstances. »

Comme quoi, selon Dada Gasirabo, il faut faire passer le message de la non-violence et de la vigilance dès le plus bas âge.

Oasis Centre des femmes gère un programme de sensibilisation aux « signes avertisseurs » de violence dans les couples et les familles.

Choc culturel pour certains immigrants

Les nouveaux arrivants provenant de pays où la femme est infériorisée sont « à risque », selon Dada Gasirabo.

L’égalité officielle entre les hommes et les femmes au Canada peut représenter un « choc culturel » et ajouter au stress de l’installation dans le nouveau pays – donc un danger supplémentaire pour les femmes et les filles dans ces familles.

Participant à distance (à l’écran) à la rencontre de mardi soir, le psychothérapeute Papa Ladjike Diouf a ajouté que « la violence physique est visible, mais la violence émotionnelle est plus répandue et sournoise ».

L’une des sources de la violence, selon lui, est que certains « cherchent à se valoriser en rabaissant l’autre ». La violence part presque toujours d’une souffrance personnelle.

Ce 6 novembre, a rapporté Dada Gasirabo, une 53e femme était assassinée en Ontario depuis le début de 2022.

 

Photo principale : François Bergeron