le Mercredi 16 octobre 2024

Par Émilie Gougeon-Pelletier, Le Droit|12 juin 2023

Le vieil édifice qui abrite l’école élémentaire publique Louise-Arbour ne devait être qu’une solution temporaire. Or, la promesse d’une école toute neuve dure depuis maintenant six ans et les parents s’impatientent.

André Poulin-Denis se souvient très bien du bonheur qu’il avait ressenti, en 2017, en apprenant qu’une nouvelle école serait construite dans son quartier et qu’elle serait prête au moment où son enfant allait avoir l’âge de commencer la maternelle.

À l’époque, le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO) avait annoncé que l’école élémentaire publique Louise-Arbour aurait 450 places et allait être érigée sur un terrain de sept acres, dans la Petite-Italie, au coin de la rue Preston et de l’avenue Gladstone.

Il s’agissait d’un partenariat avec la Société de logement communautaire d’Ottawa (LCO). On devait aussi y trouver des logements, des espaces verts et des commerces de détail.

Étant donnée la surpopulation dans d’autres écoles en périphérie, le CEPEO avait signé un bail de location pour que l’école Louise-Arbour occupe un bâtiment de la rue Beech, appartenant au Conseil scolaire catholique anglophone d’Ottawa (OCSB), en attendant.

L’an dernier, l’enfant d’André Poulin-Denis a fait son entrée à la maternelle, mais ce n’était pas dans le bâtiment flambant neuf qui devait être construit dans la Petite-Italie.

C’est plutôt dans l’édifice temporaire où le taux d’utilisation de capacité surpasse les 100 % dont le terrain doit accommoder quatre classes portatives, soit le maximum permis par le zonage municipal.

À l’heure du dîner, les enseignants mangent dans leurs voitures. (Etienne Ranger)

Piteux état

Les locaux sont en piteux état. Cet édifice datant des années 1960 n’a pas de gymnase. Les élèves doivent donc traverser la cour d’école pour se rendre à l’école avoisinante pour assister à leurs cours d’éducation physique.

Il n’y a ni bibliothèque, ni salle pour les cours de musique. Le secrétariat n’a pas d’espace pour y installer une imprimante.

C’est dans les corridors que se tiennent parfois les rencontres avec les spécialistes.

À l’heure du dîner, les enseignants se rendent sous l’escalier pour ramasser leur repas, puisque c’est là que se trouve leur frigo – à côté de l’imprimante – et ils mangent dans leurs voitures.

Vincent Martin-Schreiber et son conjoint sont des travailleurs de la santé qui ont immigré de la France en 2020.

Ils ont choisi de s’installer à Ottawa, notamment parce que c’est une région bilingue et parce qu’ils voulaient offrir une éducation en français à leur enfant.

« Il y a des grands discours à propos du besoin d’attirer les immigrants francophones, de l’importance du développement économique, et cetera, mais on ne s’attendait pas à ce qu’il y ait des problèmes comme ceux-là », affirme Vincent Martin-Schreiber.

Il craint que la situation soit « invivable dans cette école ».

« Comme il y a cette hypothétique nouvelle école, du coup, il n’y a pas d’investissements nouveaux dans le bâtiment actuel. C’est un peu fâcheux », soutient Vincent Martin-Schreiber.

Les délais

Depuis l’annonce initiale de la construction de la nouvelle école, en 2017, la LCO a écarté le CEPEO de son projet de développement puisqu’elle n’avait pas reçu la confirmation du ministère de l’Éducation de l’Ontario qu’il financerait le projet.

Le vice-président du CEPEO, Pierre Tessier, qui est aussi président du comité des biens immobiliers du conseil scolaire, explique que même si Louise-Arbour est à la tête de sa liste de projets prioritaires, le ministère de l’Éducation n’approuve qu’un nombre limité de projets chaque année.

« Je suis d’accord que c’est frustrant, parce que ça prend beaucoup de temps pour avoir des approbations, soutient-il. Moi, je vois aussi le gros portrait, c’est-à-dire que je vois tous les projets devant moi. […] Il y a des secteurs de notre territoire qui ne sont même pas desservis, où il n’y a tout simplement pas d’école. »

En avril 2022, le ministère de l’Éducation a enfin annoncé un financement de 14,5 millions de dollars pour la construction de la nouvelle école.

Mais ce montant n’est plus suffisant, et selon Pierre Tessier, « on parle peut-être d’un autre 10 millions de dollars de différence qui nous empêche de commencer ».

Or, il assure qu’il y a quand même certains progrès, et que la Ville d’Ottawa, avec qui le CEPEO collabore pour la construction de cette école, devrait tenir des consultations publiques « très bientôt » à ce sujet.

N’empêche, le projet ne devrait pas être prêt avant 2026-2027.

Rendu là, l’enfant d’André Poulin-Denis sera en quatrième année.

« C’est désolant que le gouvernement n’ait pas pris ses obligations au sérieux », déplore-t-il.

Le père de famille cite l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, qui garantit le droit à une instruction dans une école de langue française. « Il ne semble pas avoir de reconnaissance qu’il y a un problème grave. Les droits des parents qui décident de faire éduquer leurs enfants dans école publique francophone, langue première, sont bafoués. L’expérience éducative est moindre, et ce n’est certainement pas en raison des professeurs. »

À l’heure du dîner, les enseignants mangent dans leurs voitures. (Etienne Ranger)

Par Justine Mercier, Le Droit et Émilie Gougeon-Pelletier, Le Droit|11 juin 2023

Une médecin de famille d’Ottawa craint de devoir laisser tomber ses patients en réorientant sa pratique en raison des règles de rémunération du gouvernement ontarien.

La Dre Sophie Poliquin travaille avec trois autres médecins dans une clinique de l’avenue McArthur détenant le statut d’organisme de santé familiale (OSF).

Ce modèle permet un système de facturation par « capitation », un modèle prisé des médecins puisqu’il se base notamment sur le nombre de patients inscrits.

La clinique a appris, au cours des derniers mois, que le ministère de la Santé requiert que ces quatre médecins travaillent comme s’ils étaient six.

Pour garder le statut d’OSF, les autorités leur demandent d’offrir des plages horaires de consultation cinq soirs par semaine, de même qu’une demi-journée par fin de semaine.

«Si le ministère de la Santé leur demande d’être ouverts cinq soirs par semaine, ce n’est pas raisonnable», affirme la porte-parole néo-démocrate en matière de santé, France Gélinas.

Pour la Dre Poliquin, ces revendications ministérielles sont injustifiées, d’autant plus que certains de ses collègues et elle travaillent aussi ailleurs, à l’hôpital ou dans des foyers de soins de longue durée.

Elle explique qu’avant la pandémie, l’OSF où elle pratique recevait des patients un soir par semaine, de 17h à 20h. Avec l’arrivée de la COVID-19 et la limitation des consultations en personne, la clinique a cessé d’offrir des consultations en soirée.

Malgré tout, les patients de la clinique y ont un excellent accès, affirme la Dre Poliquin, puisqu’ils sont peu nombreux à consulter dans des cliniques sans rendez-vous ou dans des salles d’urgence pour des problèmes de santé mineurs.

Le ministère de la Santé, de son côté, indique que l’entente conclue avec l’Association médicale de l’Ontario pour donner un plus grand accès aux patients stipule que les OFS doivent compter au moins six médecins et qu’ils doivent offrir des consultations en soirée et la fin de semaine.

« C’est vraiment dommage, les décisions du gouvernement Ford et de la ministre de la Santé Sylvia Jones à propos des consultations virtuelles, déplore le coprésident de la Coalition de santé d’Ottawa, Ed Cashman. Ça nous empêche d’avancer. On a vu durant la pandémie que nos médecins ont fait preuve d’innovation, et ça faisait l’affaire du gouvernement. »

Ed Cashman souligne que la décision concernant la consultation devrait se prendre entre le patient et son médecin. « Ça devrait être au patient de décider s’il veut voir son médecin en personne ou non, dit-il. Et cela ne devrait pas impliquer une perte de revenu pour le médecin. »

Le ministère a précisé au Droit qu’il peut y avoir des exemptions accordées si un OFS éprouve des problèmes de recrutement ou s’il manque d’espace, mais que la clinique où pratique la Dre Poliquin s’est engagée à fournir des services comme si six médecins y travaillaient.

La Dre Poliquin ne voit toutefois pas comment sa clinique y arrivera. « En ce moment, nous sommes seulement capables de faire trois [soirs] par semaine », dit celle qui est aussi mère de famille.

Si la clinique optait pour un autre modèle de financement comme celui des groupes de santé familiale (GSF), les médecins auraient une rémunération à l’acte, ce qui représente « beaucoup moins » de revenus, déplore la Dre Poliquin.

Elle souligne que peu de gens savent que les médecins doivent eux-mêmes souscrire à des assurances et investir en vue de leur retraite, qu’ils n’ont pas de congés payés et qu’ils doivent assumer tout un lot de dépenses, notamment pour l’équipement dont ils ont besoin dans leur bureau. « Tout sort de notre poche », dit-elle.

Pas assez de relève

L’idée de basculer en facturation à l’acte n’est pas alléchante pour la Dre Poliquin, qui compte environ 1200 patients inscrits. « Je ne peux pas faire un volume de voir 40 patients par jour, c’est impossible, ce n’est pas de la bonne médecine », dit-elle, en ajoutant que les patients présentent souvent de lourds problèmes de santé.

« Quelqu’un en crise de santé mentale, je vais passer une demi-heure, une heure avec eux, dit-elle. Et il y en a beaucoup, surtout depuis la pandémie. […] Mon inquiétude, c’est ce si je passe à la rémunération à l’acte et que je n’augmente pas mon volume, je vais dépenser tellement pour payer pour travailler que je ne pourrai plus subvenir à mes besoins. »

Les médecins en début de carrière, de leur côté, sont peu nombreux à être attirés par la pratique en cabinet. « On est incapables d’attirer les jeunes médecins », déplore la Dre Poliquin, qui soutient que c’est principalement la charge de travail qui les rebute.

« Parmi les diplômés des grandes universités de l’Ontario, il y en a très peu qui vont dans la médecine familiale, affirme pour sa part France Gélinas. La plupart d’entre eux veulent des résidences comme médecins spécialistes. »

Il y a deux millions d’Ontariens sans médecin de famille, soulève de son côté le coprésident de la Coalition de santé d’Ottawa.

« Et Vanier, en plus, c’est une région défavorisée, avec des toxicomanes, des aînés, des francophones. Il y a des besoins, insiste M. Cashman. Le gouvernement doit se pencher sur ce qui est le meilleur pour l’ensemble. Mais non, on demande aux médecins d’en faire plus et on n’en donne pas plus. Ce n’est pas ça qui va faire avancer les choses. »

« Le gouvernement fait tout pour nous décourager »

« On dirait que le gouvernement fait tout pour nous décourager », estime la Dre Poliquin.

« On sait que les patients ont besoin de médecins de famille, ajoute-t-elle. Je fais de l’hospitalisation et il y a des gens à qui je pourrais donner leur congé, mais je ne peux pas le faire parce qu’ils n’ont pas de médecin de famille. Alors je me retrouve à gérer des choses de médecin de famille à l’hôpital pour éviter qu’il y ait des réadmissions parce que je n’ai personne à qui passer le bâton et ça, c’est coûteux pour le système. »

La Dre Poliquin indique avoir approché d’autres OFS pour savoir s’il était possible qu’elle se joigne à eux. « La réponse fut un non partout », entre autres en raison de la pénurie de personnel de soutien.

Elle envisage maintenant de se tourner vers une clinique communautaire, où elle pourrait devenir une salariée avec des avantages sociaux.

« Tout ce que je veux est de pouvoir continuer de soigner mon monde, sans y perdre ma santé, ma maison et ma raison », conclut la médecin.

Par Émilie Gougeon-Pelletier|

Inspirée par l’événement « stag and doe » de l’une des filles de Doug Ford à l’été dernier, la cheffe du NPD ontarien Marit Stiles a déposé un projet de loi visant à renforcer la loi sur l’intégrité des députés de la province.

Dans son projet de loi « sur le renforcement de l’intégrité des députés », le NPD de l’Ontario propose des changements qui interdiraient aux élus d’accepter des cadeaux qui pourraient être perçus comme un conflit d’intérêt.

L’Opposition officielle propose ces changements environ huit mois après l’événement « stag and doe » de l’une des filles de Doug Ford. Il a été révélé que des promoteurs immobiliers avaient assisté à l’événement et que le coût d’entrée s’élevait à 150$ par convive.

Un « stag and doe » est un événement populaire en Ontario qui vise à collecter des fonds pour un mariage à venir. On y organise parfois des jeux qui nécessitent que les participants gardent portefeuille et carnet de chèque à portée de main.

Dans sa forme actuelle, la Loi sur l’intégrité des membres stipule qu’un membre de l’Assemblée législative de l’Ontario « ne doit pas accepter d’honoraires, de dons ni d’avantages personnels qui sont liés, directement ou indirectement, à l’exercice des devoirs de sa charge ».

Le projet de loi abroge ce paragraphe « afin de prévoir qu’un député ne doit pas accepter d’honoraires, de dons ni d’avantages personnels qui pourraient raisonnablement donner à penser qu’ils ont été donnés, directement ou indirectement, relativement à l’exercice des devoirs de sa charge ».

Marit Stiles veut ainsi qu’il soit clair que les règles couvrent tant les conflits d’intérêts que l’apparence d’un conflit.

« Il est très important que les gens sachent que les politiciens ne peuvent pas être achetés, que les politiciens ne peuvent pas être influencés », a noté Marit Stiles en point de presse, mardi matin.

Deux enquêtes

La présence de promoteurs immobiliers et de lobbyistes à des événements de la famille de Doug Ford faisant lever bien des sourcils, la cheffe du NPD ontarien Marit Stiles avait déposé une plainte auprès du Commissaire à l’intégrité, en février, pour lui demander de faire enquête sur deux de ces fêtes.

Le commissaire David Wake a suspendu son enquête de façon temporaire, à la mi-mars.

Il a déclaré qu’il y avait des « défauts » dans la demande mais qu’il n’était pas « prêt à la rejeter » pour autant. David Wake disait vouloir d’abord conclure une précédente enquête visant à déterminer si le ministre du Logement, Steve Clark, avait enfreint la loi sur l’intégrité des membres lorsque des promoteurs auraient été prévenus que la province s’apprêtait à rendre disponibles 7400 acres de terres précédemment protégées de la Ceinture de verdure.

Certains éléments de ces deux enquêtes se chevauchent: selon le NPD et plusieurs médias, certains des promoteurs présents à l’événement matrimonial feraient partie de ceux qui ont pu acheter des terres avant que l’annonce devienne publique.

Doug Ford s’est souvent défendu en disant que l’événement « stag and doe » relevait de sa vie privée et que de toute façon, le commissaire à l’intégrité l’avait disculpé d’actes répréhensibles.

Les députés du Parti progressiste-conservateur n’ont appuyé presque aucun projet de loi proposés par le NPD ontarien depuis les dernières élections provinciales.

La néo-démocrate Marit Stiles dit ne pas avoir eu d’indices émanant du gouvernement Ford laissant croire qu’il a l’intention d’appuyer son projet de loi. « Les gens ne veulent pas voir leur premier ministre ou leur gouvernement accepter des cadeaux. Si les membres de ce gouvernement refusent d’appuyer ce simple changement, ça en dit long sur eux. »

Lundi, lorsque Marit Stiles a annoncé son intention de déposer ce projet de loi en période de question, le Leader parlementaire Paul Calandra lui a répondu en attaquant le bilan électoral de son parti politique.

Cette réaction du ministre Calandra est à l’instar de celle qu’il avait eue lorsque la cheffe de l’Opposition officielle avait déposé sa plainte auprès du commissaire à l’intégrité, en janvier dernier. Il l’avait accusée de faire des « attaques de salissage » envers son gouvernement.

 

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER – Initiative de journalisme local — Le Droit

Le ministre des Finances de l’Ontario Peter Bethlenfalvy ne croit pas qu’il soit nécessaire de couper dans les programmes pour atteindre la prospérité.

Peter Bethlenfalvy assure que son budget annuel, qu’il doit déposer jeudi après-midi, aidera l’Ontario à répondre aux « circonstances économiques incertaines ».

Rappelons que la dernière fois que le ministre des Finances a déposé le budget annuel de la province, c’était le 28 avril 2022, à quelques jours du déclenchement de la campagne électorale en Ontario.

Dans ce document fiscal à saveur électorale, il établissait clairement les promesses des progressistes-conservateurs pour les années à venir.

Il prévoyait notamment un retour à l’équilibre budgétaire, et même un surplus de 1,3 milliards des coffres en 2027-2028.

Il avait annoncé une amélioration au programme de crédit d’impôt pour les personnes et les familles à faible revenu (CIPFR), un nouveau crédit d’impôt pour les soins à domicile pour les aînés et la construction de plus de routes menant au Cercle de feu, un gisement important de minéraux.

Un engagement phare du ministre Bethlenfalvy : dépenser dans les minéraux comme le nickel et le cobalt, l’acier propre et l’énergie nucléaire, permettant de « renforcer nos chaînes d’approvisionnement locales liées à la fabrication de batteries de véhicules électriques ».

À quoi s’attendre ?

Les entreprises peuvent s’attendre à un appui renouvelé de la part de la province, selon les quelques indices qu’a semés le ministre des Finances au cours des derniers jours.

Lors d’une annonce pré-budgétaire, mardi, il a annoncé un nouvel investissement de 224 millions dans la construction et la modernisation de centres de formation de la main d’œuvre.

La province dépensera également 75 millions de dollars de plus au cours des trois prochaines années pour « soutenir les opérations et la programmation dans les centres nouveaux et existants ».

Le lendemain, Peter Bethlenfalvy a promis un nouveau crédit d’impôt pour le secteur manufacturier.

Les fabricants ontariens pourraient donc recevoir jusqu’à 2 millions par année, soit un remboursement de 10 % sur le revenu des sociétés, pour certains investissements comme la machinerie et l’équipement destinés à la fabrication ou à la transformation.

« Ce nouveau crédit d’impôt aidera les entreprises manufacturières locales à croître, à innover, à devenir plus compétitives et, surtout, à créer des emplois bien rémunérés », a fait savoir le premier ministre ontarien Doug Ford, aux côtés du ministre des Finances.

Le plan du gouvernement ontarien « est le bon plan pour relever ces défis et il donne déjà des résultats », a lancé M. Bethlenfalvy en conférence de presse, cette semaine.

« Des emplois sont créés et nous continuons d’attirer des investissements manufacturiers que vous n’avez pas vus depuis des décennies. »

Couper ?

Questionné à savoir s’il a l’intention de couper dans les programmes provinciaux, le ministre Bethlenfalvy a répondu sans hésiter : « Non ».

« Il n’y a pas de coupes sur le chemin de la prospérité », a-t-il ajouté.

Le ministre des Finances a indiqué que le budget prévoit d’accroître les infrastructures comme les transports en commun, les autoroutes et les écoles.

N’empêche, jusqu’à présent, la province a partagé très peu de détails concrets permettant de savoir à quoi les Ontariens peuvent s’attendre à l’approche du dépôt du budget.

Peter Bethlenfalvy s’est contenté de dire que son gouvernement agira de manière « responsable, avec une approche ciblée ».

Logement ?

L’Opposition officielle gardera l’œil ouvert pour s’assurer que le gouvernement Ford n’oublie pas d’inclure à son budget une stratégie en matière de logement abordable.

« Il faut considérer l’itinérance comme une crise humanitaire », a souligné Kristyn Wong-Tam, porte-parole en matière de Justice au sein du NPD ontarien.

À ses dires, la province a une responsabilité morale d’agir.

Le gouvernement ontarien a un plan ambitieux de construire 1,5 millions de logements au cours des dix prochaines années.

Mais dans un rapport publié en décembre 2021, la vérificatrice générale de l’Ontario Bonnie Lysyk a blâmé le gouvernement provincial pour la crise d’abordabilité du logement et d’itinérance en Ontario.

« L’Ontario n’a pas de cadre global et de stratégie provinciale coordonnée pour prévenir et réduire l’itinérance », écrivait-elle.

En 2021, le Bureau de la responsabilité fiscale a conclu que la province n’atteindrait pas son objectif de mettre fin à l’itinérance chronique d’ici 2025.

Dans une lettre ouverte envoyée au premier ministre Ford la semaine dernière, l’Association des municipalités de l’Ontario (AMO) a fait trois demandes :

L’AMO espère que la province répondra à ces demandes dans son budget, jeudi.

 

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER – Initiative de journalisme local — Le Droit

Le premier ministre ontarien Doug Ford a des conseils pour le fédéral dans sa gestion du dossier des demandeurs d’asile passés par le chemin Roxham.

Le gouvernement fédéral loue des chambres d’hôtels dans trois villes ontariennes, soit Cornwall, Niagara Falls et Windsor, pour loger temporairement les demandeurs d’asile qui sont arrivés au Québec en passant par le chemin Roxham.

Les maires de ces villes, y compris Justin Towndale, de Cornwall, ont souvent fait part d’inquiétudes parce qu’ils jugent insuffisantes leurs ressources municipales permettant d’appuyer tous ces gens.

Et plus récemment, leurs craintes liées à l’utilisation de leurs hôtels se sont accrues, particulièrement en raison de la venue imminente de la saison touristique. À Cornwall, par exemple, la moitié des chambres d’hôtels disponibles sont occupées par des demandeurs d’asile.

Bien qu’il admet ne pas « contrôler les dossiers fédéraux », le premier ministre ontarien a questionné, en conférence de presse mercredi, la pertinence d’avoir choisi seulement trois villes pour loger temporairement les demandeurs d’asile.

« On va les aider »

Même s’il estime que les migrants devraient traverser de façon légale via les frontières existantes et qu’ils ne devraient pas se rendre au pays en « passant en catimini par le Québec » via le chemin Roxham, Doug Ford affirme avoir la ferme intention de les aider.

« Ce qu’il faut faire, c’est leur donner des permis de travail immédiatement », a lancé Doug Ford en s’adressant au gouvernement fédéral.

« J’ai le cœur brisé pour ces gens. Ils arrivent ici après avoir échappé à la tyrannie et les abus. Ce n’est pas leur faute, mais pas du tout. On va les aider. Il faut les accueillir, c’est notre diversité qui fait qu’on a une si belle province. Donc profitons-en, et aidons-les comme on le peut, en leur offrant des emplois qui paient bien. »

Crédit image: Drew Angerer/Getty Images

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER – Initiative de journalisme local — Le Droit

En échangeant récemment avec ses homologues internationaux, Caroline Mulroney a réalisé que la province avait de l’avance face au reste du monde en matière de développement économique francophone.

« Si on n’innove pas, on dépérit. »

C’est ce que les experts agricoles de la Ferme avicole Laviolette ont compris il y a bien longtemps, et c’est aussi l’adage de son propriétaire, Marcel Laviolette.

Son entreprise familiale de St-Isidore a été reconnue à plusieurs reprises par les gouvernements provincial et fédéral, parce qu’elle s’est démarquée, tant en matière d’innovation que de fierté francophone.

En novembre 2022, la Ferme avicole Laviolette a reçu le prix du commerce Ontario-Québec, accompagné d’un chèque de 10 000 $.

« C’est certain qu’on ne cherche pas nécessairement la reconnaissance, mais quand elle nous vient, ça fait du bien », souligne Kevin Laviolette, le fils de Marcel Laviolette.

Rencontre au Sommet

« Ouvert aux affaires » est à la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney ce que « open for business » est au premier ministre ontarien Doug Ford.

En août 2019, le ministère des Affaires francophones a mis sur pied un groupe de travail rassemblant plusieurs ministères du gouvernement ontarien pour cibler les initiatives susceptibles d’aider les entreprises francophones de la province.

Le gouvernement Ford venait d’ajouter une composante économique au Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO).

Ça faisait aussi un an que le gouvernement Ford menait des consultations en table ronde pour identifier les défis qui freinaient la croissance des entreprises francophones de l’Ontario.

C’est ainsi que la province a pu élaborer une stratégie de développement économique francophone.

Et c’est en Tunisie, lors d’un «forum économique» dans le cadre du Sommet de la francophonie, en novembre dernier, que Caroline Mulroney dit avoir ressenti un grand sentiment de fierté.

« L’Ontario était en avance dans cette matière, puisque notre francophonie a décidé, en 2019, de lancer sa propre politique économique. On a eu plusieurs dialogues en Tunisie, et j’étais très heureuse que l’Ontario puisse dire qu’on est innovateur et qu’on avait déjà reconnu la valeur économique de la communauté francophone. On était très prêts pour le dialogue. »

La ministre Mulroney se souvient également d’avoir assisté au Congrès mondial acadien, en août 2019. Elle se souvient que c’est aussi là qu’elle a pris connaissance d’une forte collaboration entre les communautés francophones économiques du Québec et du Nouveau-Brunswick.

« Quand j’ai appris ça, je me suis dit ‘Ah !’, il faut que l’Ontario soit présent et qu’on puisse collaborer de la même façon », souligne Caroline Mulroney.

Le prix du commerce Ontario-Québec a été créé en 2021.

Soutenir les gens d’affaires

La même année, la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) était lancée par le biais d’un investissement initial de 500 000$ de la province.

C’est d’ailleurs la FGA qui a remis le prix du commerce Ontario-Québec à la Ferme avicole Laviolette, aux côtés de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Le caucus de Doug Ford est le premier gouvernement conservateur ontarien qui s’intéresse réellement au développement économique francophone, estime le directeur général de la FGA, Richard Kempler.

« Jusqu’à maintenant, les conservateurs n’avaient pas d’intérêt pour la question économique francophone. La ministre Mulroney a remis cette question au centre de l’ensemble de l’économie de la province. Et depuis que ça a été fait, les résultats sont concrets. »

La FGA soutient les gens d’affaires francophones de la province à l’aide d’outils comme Inkubo, un «écosystème d’affaires pour le soutien aux entreprises francophones en démarrage en Ontario», et la plateforme numérique « Quartier d’Affaires », qui sert au jumelage d’entreprises.

Depuis sa création, la province a octroyé un nouvel investissement de 500 000$, en 2022, et entre 92 et 95% des fonds que la FGA a reçus «sont allés directement dans les programmes», affirme le directeur général.

La mobilisation des Franco-Ontariens en 2018 a eu un grand rôle à jouer dans l’enthousiasme du gouvernement Ford à l’endroit du développement économique francophone, juge Richard Kempler, mais il souligne que le crédit revient beaucoup à la capacité de Caroline Mulroney de « parler le langage de la Ford nation ».

« C’est elle qui a fait le plaidoyer auprès de ses collègues ministres unilingues anglophones qui ne comprennent pas toujours l’intérêt. Elle a traduit nos besoins dans des termes que ses collègues pouvaient comprendre, soit ceux de l’économie. Elle a été en mesure de souligner l’apport de l’économie francophone à la richesse de l’ensemble de la province. »

Budget à venir

Le ministre des Finances doit dévoiler le budget de la province, jeudi. La FGA espère voir plus d’argent investi dans les initiatives comme le PAFO.

Le porte-parole en matière de Francophonie du NPD, Guy Bourgouin, est d’avis que pour l’instant, les fonds réservés aux organismes et aux entreprises franco-ontariennes par l’entremise du PAFO ne représentent que des « miettes ».

« Ils disent qu’ils ont doublé l’offre du PAFO, mais on parle d’un million à deux millions. Ce qu’ils ne disent pas, c’est que la demande dépasse les 12 millions. On a passé le temps des miettes. Il faut aller beaucoup plus loin. »

 

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER- Initiative de journalisme local — Le Droit

Toronto — Comment encourager les femmes à se joindre au domaine de la construction? La réponse réside dans les toilettes, selon le gouvernement Ford.

Le simple geste d’améliorer l’accès aux toilettes sur les chantiers de construction en Ontario peut aider à régler « l’une des plus grandes injustices » que subissent les « héros de la construction », estime le ministre du Travail, Monte McNaughton.

Lorsque son équipe a mené une campagne pour connaître l’état des toilettes sur les chantiers de construction, Monte McNaughton a été étonné de ce qu’il a appris.

« Je n’étais pas surpris du nombre de cas existants, parce que je passe beaucoup de temps sur les chantiers. J’ai vu l’état dégoûtant et méprisable des situations que vivent les travailleurs. La grande surprise pour moi a été d’apprendre que le plus gros problème, c’était l’absence complète de toilettes sur les chantier. »

En février, son ministère a lancé un « blitz » d’inspection des chantiers de construction. Les fonctionnaires ont visité plus de 1800 sites, et ont conclu que 13 % d’entre eux violaient les règles liées à l’accès aux toilettes.

Le ministre a aussi reçu de nombreux témoignages d’hommes et de femmes disant qu’il s’agit d’un fléau qui persiste depuis plusieurs générations.

« Une femme m’a raconté qu’elle ne boit pas de liquides pendant plusieurs heures précédant son quart de travail pour ne pas avoir à utiliser les toilettes disponibles. »

Le gouvernement a appris que sur les chantiers, il n’y pas suffisamment de toilettes disponibles pour le nombre de travailleurs, que plusieurs d’entre elles n’ont pas de toit et que l’absence d’eau courante représente un réel problème pour les travailleurs.

Cette réalité affecte l’ensemble des travailleurs de la construction, mais elle a un impact particulièrement négatif sur les travailleuses.

« Quand je devais me rendre sur un chantier, j’étais terrifiée de devoir utiliser la toilette, et je ne peux pas compter le nombre de fois où j’ai dû quitter un chantier pour me rendre au Tim Horton’s ou au Starbucks », raconte la directrice de l’Association canadienne des femmes en construction (CAWIC), Emma Donnelly.

La gérante de projet affirme que puisque la majorité des travailleurs sont des hommes, les toilettes ne sont pas « pensées pour les femmes ».

« Les hommes n’utilisent pas les toilettes de la même façon que les femmes. Lorsqu’il n’y a pas de poubelles pour les produits menstruels et pas d’eau pour se laver les mains, ça a un impact sur le quotidien des travailleuses. »

Changements à venir

C’est la première fois de l’histoire de l’Ontario qu’un gouvernement s’intéresse à ce problème, affirme le ministre McNaughton.

Cette semaine, il a annoncé qu’il a l’intention de modifier la Loi de 2022 visant à œuvrer pour les travailleurs pour assurer un meilleur accès aux toilettes sur les chantiers de construction.

Le gouvernement exigera qu’elles soient privées et complètement fermées et qu’elles disposent d’un éclairage adéquat et de désinfectant pour les mains lorsqu’il n’est pas raisonnablement possible d’avoir accès à de l’eau courante.

La province a aussi l’intention de doubler le nombre de toilettes sur la plupart des chantiers.

Les modifications au Règlement sur les chantiers de construction, si elles sont approuvées, exigeront également que les équipements de protection individuelle (EPI) et les vêtements soient « correctement ajustés aux femmes et aux travailleuses et travailleurs de différents types corporels ».

Selon Monte McNaughton, ces simples changements devraient améliorer radicalement le quotidien de beaucoup de travailleurs. « Ce sont des femmes et des hommes, pas du bétail », s’indigne-t-il.

Initiatives

En Ontario, il y a près de 600 000 personnes qui œuvrent dans le domaine de la construction – 10 % sont des femmes.

Depuis 2020, la province a investi près d’un milliard pour « faciliter l’apprentissage d’un métier, briser la stigmatisation, attirer les jeunes, simplifier le système et encourager la participation des employeurs ».

Récemment, le gouvernement a rendu obligatoire l’exposition des élèves du secondaire à l’éducation technologique et aux métiers spécialisés pour obtenir leur diplôme.

Selon le ministre du Travail, « l’exposition à ces cheminements de carrière en tant qu’exigence obligatoire du programme d’études fera en sorte qu’un plus grand nombre de jeunes femmes choisissent de poursuivre une carrière dans les métiers spécialisés ».

D’année en année, les inscriptions aux programmes d’apprentissage ont augmenté de 23 %, se réjouit M. McNaughton.

« Mais ce qui est encore plus encourageant, c’est que nous sommes aussi en hausse de 28 % avec les inscriptions chez les femmes. »

Emma Donnelley est d’accord qu’en obligeant un meilleur accès à des toilettes propres et privées, les femmes seront davantage encouragées à se joindre à ces professions. « Ça peut permettre d’attirer les travailleuses, mais aussi de mieux les retenir, parce qu’on leur montre qu’elles sont les bienvenues dans l’industrie. Dans le passé, c’est vrai que nous ne nous sommes pas toujours senties ainsi. »

C’est une question « de dignité humaine » et de «gros bon sens », juge le ministre McNaughton.

Si les modifications réglementaires proposées sont approuvées, elles entreront en vigueur le 1er juillet 2023.

« Ce ne sont pas tous les héros qui portent une cape. Certains portent un chapeau de construction. Et les héros de la construction de l’Ontario méritent des toilettes », conclut-il.

 

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER – Initiative de journalisme local — Le Droit

Les partis d’opposition à Queen’s Park jugent insuffisantes les explications offertes par le bureau de l’Ombudsman de l’Ontario face au départ de la commissaire aux services en français, Kelly Burke.

L’Ombudsman de l’Ontario Paul Dubé a annoncé que Kelly Burke ne fait plus partie de son bureau dans un communiqué de presse envoyé vendredi dernier, en après-midi.

La missive ne clarifie pas si Kelly Burke a quitté de plein gré ou si elle a été démise de ses fonctions.

Le jour même, son bureau a fait savoir au Droit qu’il n’ajoutera « rien de plus que ce qui figure déjà » dans le communiqué et qu’il n’acceptera pas d’entrevues.

Lundi, nous avons à nouveau tenté d’obtenir des explications.

La gestionnaire des communications au bureau de l’Ombudsman Emmanuelle Bleytou s’est contentée de réitérer sa réponse de vendredi.

« Nous ne donnerons aucune information, ne ferons aucun commentaire. »

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Pas suffisant

Les néo-démocrates et les libéraux provinciaux trouvent ces réponses insuffisantes.

Ils ont l’intention de demander des explications à l’Ombudsman de l’Ontario Paul Dubé.

Le porte-parole du NPD en matière de francophonie Guy Bourgouin affirme qu’il enverra une lettre à M. Dubé, mercredi. « On se pose tous des questions, on aimerait des réponses », insiste l’élu du Mushkegowuk-Baie James.

La libérale Lucille Collard, elle aussi porte-parole en matière de francophonie pour son parti, exige de meilleures explications que celles qui ont été données.

« Les francophones méritent plus de transparence », juge la députée d’Ottawa-Vanier.

Les deux députés franco-ontariens affirment que cela démontre à nouveau l’importance de l’indépendance du Commissariat aux services en français de l’Ontario.

En 2018, le gouvernement de Doug Ford a provoqué un tollé dans la communauté franco-ontarienne en annonçant des compressions dans les services en français, y compris la dissolution du Commissariat aux services en français.

Il avait ensuite décidé de transférer toutes les responsabilités du poste de commissaire aux services en français au sein du bureau de l’Ombudsman.

Le directeur des opérations de l’Unité des services en français de l’Ombudsman Carl Bouchard, en poste depuis février 2020, occupera dès maintenant les fonctions de commissaire par intérim.

« Notre Bureau reste fermement déterminé à veiller au respect et à l’application des droits des francophones en Ontario ainsi que des obligations du gouvernement et des organismes gouvernementaux conformément à la Loi sur les services en français », a écrit Paul Dubé, vendredi.

Son bureau indique être à la recherche d’une nouvelle personne pour occuper le poste de commissaire aux services en français.

Kelly Burke a obtenu ce poste en janvier 2020.

En annonçant sa nomination, Paul Dubé s’était dit chanceux d’avoir trouvé « quelqu’un d’une telle envergure et d’une telle expérience en matière de leadership pour ce rôle ».

« Des efforts considérables ont été faits pour trouver la meilleure personne au Canada capable de remplir ce rôle, et je suis convaincu que nous y sommes parvenus. Je suis ravi d’avoir trouvé Mme Burke et je sais qu’elle se fera avec succès la championne des droits linguistiques que nous souhaitons tous avoir comme commissaire. Nous avons de la chance d’avoir trouvé quelqu’un d’une telle envergure et d’une telle expérience en matière de leadership pour ce rôle », avait-il dit.

Crédit : Soufiane Chakkouche

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER – Initiative de journalisme local — Le Droit

La commissaire aux services en français Kelly Burke ne fait plus partie du bureau de l’Ombudsman de l’Ontario Paul Dubé, a-t-il annoncé, vendredi après-midi.

« Je tiens à remercier Mme Burke de ses services et je lui souhaite de réussir dans ses futurs projets », a déclaré l’Ombudsman dans un communiqué de presse, sans donner plus de détails à propos du départ soudain de Kelly Burke.

Le bureau de l’Ombudsman a fait savoir au Droit qu’il n’ajoutera «rien de plus que ce qui figure déjà» dans le communiqué et qu’il n’acceptera pas d’entrevues.

Le directeur des opérations de l’Unité des services en français de l’Ombudsman Carl Bouchard, en poste depuis février 2020, occupera dès maintenant les fonctions de commissaire par intérim.

« Notre Bureau reste fermement déterminé à veiller au respect et à l’application des droits des francophones en Ontario ainsi que des obligations du gouvernement et des organismes gouvernementaux conformément à la Loi sur les services en français », a écrit Paul Dubé.

Son bureau indique être à la recherche d’une nouvelle personne pour occuper le poste de commissaire aux services en français.

Kelly Burke a obtenu ce poste en janvier 2020.

L’Ombudsman soutient dans sa déclaration que l’Unité des services en français a résolu plus de 1000 plaintes depuis qu’il s’est vu confier la responsabilité de ce dossier.

En décembre dernier, Kelly Burke a publié son troisième rapport annuel, soit le premier depuis la modernisation de la Loi sur les Services en français.

Dans son dernier rapport, la commissaire n’avait formulé qu’une seule recommandation aux ministères et aux organisations gouvernementales soumises à la Loi sur les services en français, soit celle d’appliquer l’outil créé par son bureau pour mesurer l’efficacité des services en français.

Photo : LeDroit

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER – Initiative de journalisme local — Le Droit

Versant une tasse de café, la serveuse d’un petit resto-bar de la localité de Simcoe, situé tout près d’une ancienne usine à tabac, s’étonne d’apprendre que dix de ses concitoyens de son comté natal de Norfolk sont francophones et ne parlent pas un mot anglais.

Cette information la surprend parce qu’à Norfolk, là où elle a grandi et fait sa vie, elle n’a jamais entendu parler français.

Le garagiste Doug Dykstra raconte qu’en 22 ans de carrière, il n’a dû sortir son français rouillé appris au secondaire que deux fois pour servir des clients.

Dans le comté de Norfolk, on compte dix personnes qui ne parlent que le français, et seulement 3,2 % de la population qui parle les deux langues officielles, soit l’anglais et le français, selon Statistique Canada.

« J’ai un ami qui avait une blonde de Sudbury, et elle était francophone. Mais à part ça, je n’en connais pas d’autres. On ne croise pas beaucoup de francophones dans le coin », raconte M. Dykstra, qui a hérité du garage de son père, il y a plus de 20 ans.

Immigration : l’épine dorsale de l’industrie

Le père de Doug Dykstra est d’origine néerlandaise.

Il fait partie des milliers d’Européens qui ont emménagé dans la région au milieu du 20e siècle.

À l’époque, ces immigrants s’étaient déplacés en masse pour travailler dans les champs de tabac de cette région de l’Ontario, que l’on surnommait « la ceinture du tabac ».

Pendant les mois d’été, ils récoltaient les feuilles de la tige et les transportaient vers les séchoirs. Les conditions étaient pénibles et la paie, risible.

Et plus de cent ans après l’établissement du premier champ de tabac à Norfolk, les conditions difficiles que subissent les travailleurs migrants posent toujours problème.

En juin 2020, quelques mois après le début de la pandémie de COVID-19, des conditions de travail « inhumaines » et « dangereuses » ont été dénoncées par un groupe qui représente les travailleurs migrants au Canada.

La Migrant Workers Alliance for Change (MWAC) avait déploré que « quarante travailleurs étaient logés dans un seul dortoir avec une seule douche entre eux » dans les fermes Scotlynn, à Norfolk.

Par ailleurs, plusieurs historiens s’entendent pour dire que l’industrie du tabac a un lourd passé raciste.

Même si le développement de la culture de cette feuille repose largement sur le travail des Noirs réduits en esclavage et de leurs descendants, ceux-ci se sont longtemps vus refuser les emplois où ils seraient considérés comme des « experts » de la culture du tabac.

Norfolk compte désormais des milliers de travailleurs agricoles étrangers provenant du Mexique et des Caraïbes, mais ce sont les Européens qui demeurent le plus grand groupe issu de l’immigration dans le comté.

Dans la région, il y a par exemple sept fois plus de gens qui ont l’allemand comme langue maternelle que le français.

Les Québécois à Norfolk

Lorsqu’elle est arrivée à Norfolk il y a 22 ans, Amélie Chanda se souvient du sentiment de bonheur qu’elle a ressenti en observant le « petit vert » pousser sur les champs agricoles en plein mois d’avril, alors que les conifères d’Abitibi qu’elle venait de quitter étaient encore recouverts de neige.

« Comme Québécoise, en arrivant à Norfolk, partout où j’allais, tous ceux que je croisais me racontaient l’histoire de l’été où ils avaient travaillé sur une ferme avec un Québécois », se souvient-elle.

Vers la fin des années 60, ce sont surtout des Québécois qui composaient la masse de travailleurs saisonniers à Norfolk.

Lorsque la saison des récoltes prenait fin, les camps qui logeaient les travailleurs fermaient leurs portes, et devenus chômeurs, les migrants étaient à la rue.

Éventuellement, les conflits entre les producteurs de tabac et les migrants québécois se sont accrus, dans la foulée des politiques de bilinguisme du premier ministre Pierre Elliott Trudeau et de la montée du nationalisme québécois, notamment.

Certains parcs se transformaient en lieux de rassemblement pour les squatteurs québécois en attente d’offres d’emploi.

« C’est un peu comme un centre communautaire où l’on peut aller rencontrer d’autres Québécois… Il y a un sentiment de camaraderie », avait raconté une jeune femme montréalaise à un journal local en août 1965.

La députée provinciale de Haldimand-Norfolk, Bobbi Ann Brady, sympathise avec les résidents qui ne peuvent pas s’exprimer en anglais. « Non seulement parce que c’est anglo-dominant, mais aussi parce qu’il y a toute une variété de langues qui sont parlées ici. La région est très diversifiée. »

Quand tout repose sur une petit école

Peu de gens sont en mesure d’expliquer pourquoi le français n’a pas une plus grande place dans le comté de Norfolk malgré la forte présence de Québécois dans les années 1960-1970, mais tous savent qu’il existe bel et bien une institution qui travaille fort pour le garder en vie.

Il s’agit de l’école élémentaire catholique Sainte-Marie, à Simcoe.

Loin d’être prête pour la retraite, Claire Larose y enseigne depuis 32 ans.

Dans cette région où l’anglais domine, nombreux sont les parents, d’origine francophone mais dont l’usage de la langue a diminué, qui envoient leurs enfants à l’école française.

Claire Larose s’esclaffe en se souvenant de la fois où un petit de la maternelle avait vu clair dans son petit jeu. « Je suis bilingue, mais quand j’entends les élèves se parler en anglais, je leur dis que je ne les comprends pas. Une fois, l’un d’entre eux a regardé son petit ami, frustré, et lui a dit : ‘She understands. I hear her speak English to my mom!’ Je riais tellement que j’ai dû sortir de la classe. »

Cette Franco-Ontarienne de Sudbury tient mordicus à sa communauté.

Lorsque le conseil municipal de Sault-Sainte-Marie a voulu déclarer la ville «unilingue anglaise», il s’est aliéné une grande partie de sa population francophone. Mais il s’est aussi aliéné Claire Larose et ses amis.

« On était allés à Sault-Sainte-Marie et on faisait exprès de parler français ! »

Le poids de la francophonie à Norfolk repose-t-il sur les épaules de cette petite école et de la passion de ses enseignants ?

« Oui », répond du tac au tac Amélie Chanda, qui a envoyé ses deux enfants à l’école Sainte-Marie.

« Si les générations futures n’ont pas la chance d’apprendre ici, elles n’apprendront pas. L’option francophone la plus proche, c’est à Hamilton, et je n’aurais pas envoyé mes enfants aussi loin pour apprendre en français », souligne la consultante en développement durable qui s’est longtemps engagée au sein de la communauté scolaire du comté.

Du tabac au ginseng

Le tabac a perdu de son attrait à Norfolk au cours des dernières décennies.

Même si l’industrie s’est ardemment opposée aux mesures anti-tabac des différents gouvernements pendant le début des années 2000, elle a fini par plier.

Certains producteurs sont passés à l’élevage de bétail, par exemple, et d’autres se sont mis à la culture du ginseng, des asperges et du soya.

À lui seul, le comté de Norfolk est désormais le plus grand producteur de ginseng nord-américain au monde, dont plus de deux millions de kilogrammes sont expédiés en Chine, à Taïwan et à Singapour.

Aujourd’hui, on surnomme le comté de Norfolk le jardin de l’Ontario.

Ainsi, un peu comme les fermiers ont pu survivre en passant du tabac au ginseng, la communauté francophone a les racines suffisamment profondes pour survivre, elle aussi, croit la fleuriste originaire de Norfolk, Linda Simard.

« La communauté francophone de Norfolk est bel et bien en vie, se réjouit-elle, et grâce à la petite école élémentaire de Simcoe, elle fleurit. »

Photo : Pierre Andrieu – AFP