le Dimanche 16 février 2025

C’est avec une immense fierté que j’ai reçu, la semaine passée, la médaille de l’Ordre de la Pléiade ! Quel honneur ! Un beau bijou ! Je n’ai aucune idée de quel matériau il est fait, mais pour moi, « l’envers de la médaille » vaut de l’or. Par là, je veux dire qu’elle représente un paquet de gens qui ont fait de moi la personne que je suis, et je les en remercie de tout cœur. En faisant un « examen de conscience » pour rédiger une courte biographie, j’ai compris que, pour commencer, ce sont mes parents qui ont insisté sur l’importance de la lecture et de l’écriture. À l’école primaire du Lac Ste-Thérèse, j’aimais lire le dictionnaire et utiliser de nouveaux mots dans mes rédactions !! J’ai aussi participé aux concours de français. Mes enseignantes et enseignants valorisaient mes efforts. Et j’avais hâte de devenir, à mon tour, enseignante !! J’ai donc passé une trentaine d’années à « jouer à l’école » !! Finalement, j’ai vieilli en même temps que mes élèves ! Ensuite, après avoir pris ma retraite du Pavillon, je me suis retrouvée à l’Université de Hearst à titre de responsable du Centre de consultation en français auprès des étudiantes et des étudiants. J’y suis restée pendant 12 ans… sans m’en apercevoir. Ce fut tellement un beau moment dans ma vie. J’ai côtoyé là des gens intéressants, motivants, encourageants qui m’ont vraiment aidée à améliorer la qualité de mon français. En réalité, c’est moi qui suis sortie la grande gagnante de cette expérience !! Si j’ai été choisie pour recevoir cette distinction, c’est aussi pour mon implication communautaire en milieu francophone. On s’entend pour dire qu’à Hearst, ce n’est pas une tâche trop difficile !!! Avec le recul, je pense que c’est le fait d’avoir été présidente de la Fédération des femmes canadiennes-françaises qui m’a vraiment donné des ailes. Aux côtés de ce groupe de personnes engagées, j’ai apprécié davantage ma culture… et la chance que nous avons de l’avoir préservée ! Ensuite, on m’a proposé Village ami des ainés, un gros projet qui a duré cinq ans et qui a abouti à l’accréditation de la Ville de Hearst par l’Organisation mondiale de la Santé. C’est ce qui m’a amenée à devenir membre ainée de la communauté au conseil d’école de Passeport Jeunesse. Comme ça, j’ai le plaisir de chevaucher plusieurs générations, et c’est tellement gratifiant ! Je considère que c’est un privilège de pouvoir « s’infiltrer » dans ce genre d’organismes. Et, depuis six ans, je révise bénévolement notre journal local, Le Nord. C’est mon « chou-chou » ! J’adore ce travail… ça brasse les méninges ! De surcroit, mes collègues me disent souvent que je suis utile et appréciée, ce qui me donne le gout de continuer ! Donc, mine de rien, grâce au soutien de son entourage, on s’implique davantage, on s’entraide, on s’améliore. Tout le monde peut en profiter. Il ne faut tellement pas se gêner pour avoir une attitude positive et fière, se faire confiance. La morale de cette histoire : on est bien meilleur qu’on le pense ! Je porte précieusement ma médaille bleue en forme d’étoile, avec au milieu une rose des vents. Pour moi, elle vaut plus que de l’or. C’est un symbole d’unité, une richesse inestimable. Elle contient aussi une promesse, celle de toujours contribuer au rayonnement de la langue française autour de moi, selon mes connaissances, mes capacités et ma personnalité.

Depuis la fondation de l’Ordre de la Pleiade en 1976, des hommes et des femmes de tous les coins du monde francophone, y compris les chefs d’Etat, ont reçu cet honneur en reconnaissance de leurs efforts pour promouvoir la culture francaise. ̧ C’est très humblement, mais avec une immense fierté que j’ai reçu cet honneur des mains de la lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Mme Elizabeth Dowdeswell et de Mme Natalia Kusendova-Bashta, députée et présidente déléguée de la Section de l’Ontario. La cérémonie a eu lieu à Queen’s Park le 21 mars dernier en présence de plusieurs personnalités du monde politique. Pour moi, c’était impressionnant ! D’abord, habillée « sur mon 36 », je me suis présentée avec les autres récipiendaires et invité-e-s à l’édifice du parlement pour une réception d’accueil offerte par M. Ted Arnott, président de l’Assemblée législative. Ensuite, nous avons eu droit à une visite guidée des lieux. C’est grandiose !! On nous a amené-e-s à la Chambre législative, où notre présence a été soulignée. Impossible de ne pas ressentir l’importance d’une telle reconnaissance, surtout en entendant notre nom et les applaudissements. J’ai même trouvé ce moment passablement particulier, réalisant que c’est là que se prennent les décisions qui nous concernent en tant que personnes vivant en Ontario. Juste avant le début de la cérémonie, nous nous sommes placé-e-s devant le grand escalier afin de prendre la photo officielle. Puis, c’est dans les appartements de la lieutenante-gouverneure, Mme Dowdeswell, qu’a eu lieu la remise des diplômes et des médailles. Des éloges, aussi ! C’était comme entendre défiler sa vie en deux minutes !!! J’ai trouvé cela assez émouvant… surtout lorsqu’il a été question de ma contribution aux niveaux scolaire et communautaire. Pour terminer, il y a eu un souper officiel en notre honneur. Chaque récipiendaire était entouré de députés, d’ami-e-s, de membres de sa famille. Plusieurs fois durant la journée, des gens ont mentionné le fait que nous étions deux de Hearst à recevoir la prestigieuse médaille de l’Ordre de la Pléiade, ce qui est une grande fierté en soi, un précédent. En effet, pour une petite communauté de 5000 habitants, c’est doublement réjouissant. Et, de plus, trois autres personnes l’ont reçue avant Donald Lemaire et moi : Michèle LeBlanc en 2020, Omer Cantin en 2007 et André Rhéaume en 2005. Il y a de quoi se féliciter !! C’est dire que la Ville de Hearst bien représentée à l’Ordre de la Pléiade. On peut donc le répéter : Hearst, c’est différent !

Au début de 2021, j’ai participé au concours Les rendez-vous de la Francophonie annoncé dans le journal Le Nord. 

À ma grande surprise, je gagne le premier prix : un voyage en train VIA Rail d’une valeur de 3000 $ ! Puisque je suis bénévole aux Médias de l’épinette noire, j’ai cru bon de me donner comme « devoir » de rédiger un compte-rendu de mon aventure vers cette région nordique qui m’était encore inconnue, tout en observant le rayonnement de la francophonie autour de moi. Ce que j’ai constaté m’a souvent étonnée ! 

Au cours des prochaines semaines, je tenterai de vous faire vivre ce voyage par mes écrits. 

28 et 29 aout, Winnipeg 

Le train en direction de Longlac ne passe que deux fois par semaine, les lundis et jeudis, il fallait donc qu’on reste deux jours et deux nuits à Winnipeg ! Alors, aussi bien en profiter pour socialiser avec nos voisins des Prairies ! 

Pendant ce séjour, c’est à l’hôtel Fort Garry que Gaëtane et moi avons décidé de louer une chambre. C’est un château !!! Il est d’ailleurs désigné comme étant un lieu historique national. 

Et, par hasard, une petite-cousine du côté paternel demeure à Saint- Boniface : Johanne Cayer. Elle est originaire de Sherbrooke au Québec, et demeure à Winnipeg depuis une quarantaine d’années, ayant travaillé pour le gouvernement du Manitoba, principalement aux affaires francophones. Maintenant à la retraite, comme moi, Johanne fait beaucoup de bénévolat ! Il faut croire que c’est une histoire de famille ! Son fils, Christopher, est un Franco-Manitobain pure laine, parfaitement bilingue. Johanne et moi, nous nous étions rencontrées une seule fois au cours de notre vie, et c’est il y a 37 ans ! Donc, belle occasion pour des retrouvailles! 

Pour briser la glace, nous déjeunons ensemble chez Cora. La chimie est parfaite !! 

Gaëtane, Johanne et moi sommes toutes les trois du même âge, nous aimons parler, marcher, manger et découvrir !! D’emblée, notre hôtesse se porte volontaire pour nous servir de guide durant nos deux jours à Winnipeg. Elle nous amène aux quatre coins de la ville : dans plusieurs parcs où se trouvent des statues représentant divers personnages importants de la communauté, dont Louis Riel ; à la cathédrale de Saint-Boniface rebâtie en bois, verre et acier sur les vestiges en calcaire de l’ancienne église qui a été ravagée par les flammes en 1968 ; au quartier La Fourche qui constitue le centre historique de Winnipeg ; à la maison natale de l’auteure bien connue Gabrielle Roy ; ainsi que dans les locaux de la radio communautaire 91,1 FM (comme la nôtre) et du journal La Liberté. Toutes des visites intéressantes et enrichissantes ! En plus, il faisait beau et chaud ! 

Quant au Musée canadien des droits de la personne, il nous a laissées un peu perplexes. Déjà, de l’extérieur, cette structure est intrigante, mais à l’intérieur personne n’était capable de répondre à nos questions en français, ce qui est à notre avis contradictoire. J’ai cependant bien aimé le grand tableau interactif, fait pour éduquer et inspirer. 

Le deuxième soir, après une autre journée bien remplie, Johanne nous a invitées à partager un bon souper chez elle, puis nous a ramenées à l’hôtel. Quel plaisir d’avoir eu la chance de côtoyer la charmante et généreuse Johanne !! Ce rendez-vous avec une personne de ma lignée Forcier fait désormais partie de mes souvenirs les plus chers. 

Pour la dernière fois, il faut prendre nos valises et s’en aller à la gare… l’embarquement commencera à 23 h. Prochain arrêt : Longlac ! 

28 et 29 aout, dimanche à Churchill, en train vers Thompson et en autobus vers Winnipeg

Le dimanche matin, il brumasse et le vent du nord est très froid. Les vagues sont puissantes sur la baie d’Hudson. Puisque nous avons une couple d’heures à attendre, Gaëtane et moi décidons d’aller à l’église catholique. Nous avions vu qu’une messe y serait célébrée à 10 h 30. 

L’intérieur de l’église est sobre, les vitraux sont lumineux et magnifiques, invitant au recueillement. Au début, une dame récite le chapelet. Malheureusement, je ne peux pas participer activement, parce que je ne sais pas les paroles des prières en anglais! Le prêtre, un Inuit, est accompagné de l’évêque, en visite à Churchill. Je trouve les chants à capella très beaux, mais ceux en inuktitut me touchent profondément et malgré le peu de gens présents, les voix sont puissantes et harmonieuses. Avant la fin de la messe, le prêtre signale notre présence puis nous invite à partager café et biscuits avec la quinzaine de personnes de la communauté !! Quel accueil sympathique !!! Nous nous sommes senties vraiment choyées, importantes, énergisées ! Belle façon de conclure notre séjour à Churchill. Bref, si Dieu existe, je dirais qu’il était là, à ce moment-là !! 

Au Polar Inn où se trouvent encore nos bagages, nous prenons un gouter en compagnie d’un jeune couple très sympathique. Parle, parle, jase, jase (en français), ce sont deux médecins locums qui nous expliquent qu’il n’y a aucun docteur permanent à Churchill. Ils y pratiquent pendant un mois, ce qui leur permet d’agir comme des « touristes » avant ou après leur engagement. Pour le moment, ils aiment bien ce style de vie ! 

Ensuite, retour à la gare pour prise 2 de notre départ, à 14 h. Une équipe VIA Rail arrivée par avion de Winnipeg est venue prendre la relève. Sur ce train, nous faisons la connaissance de Julio et d’un autre employé qui, tout naturellement, s’adressent à nous en français. Je peux sincèrement dire que, d’après mon expérience, les services en français sur VIA Rail sont excellents ! Toutefois, rendu à Thompson, étant donné que c’est là que la route commence, on nous transfère sur un autobus pour continuer jusqu’à Winnipeg, parce qu’en ne faisant pas le crochet par la Saskatchewan ce sera plus rapide qu’en train (762 km, environ 9 heures) et, surtout, VIA Rail veut éviter que certaines personnes manquent leur correspondance vers d’autres localités. 

Ce contretemps fait en sorte qu’il nous est possible de voir une autre partie du Manitoba. La route est belle, et les communautés sont très loin les unes des autres ; cela nous donne le temps de lire, jouer sur la tablette et trier les photos… on s’arrange pour aimer ça, comme disait ma vieille mère !

Finalement, nous arrivons à Winnipeg presqu’à la même heure que si nous avions pris le train comme prévu le samedi soir ! C’est donc dans la ville de Louis Riel que nous passerons les deux prochains jours !

Churchill, jour 3 – tournée de la ville à pied

C’est samedi, le 27 aout, et pour notre dernière journée à Churchill, Gaëtane et moi avions prévu visiter les points d’intérêt en ville, et faire la tournée des boutiques de souvenirs, évidemment !

Nous commençons par le port. Malheureusement, il est fermé depuis deux ans… pourtant c’était le moteur économique de Churchill. On espère cependant sa réouverture d’ici quelques années, en partie pour renforcer la présence du Canada dans le Grand Nord et aussi, avec le réchauffement climatique dans l’Arctique, il pourrait devenir une importante liaison vers l’Europe pour le transport du grain, notamment. Mais pour l’instant, c’est le tourisme qui fait vivre les gens de la place.

Ensuite, au musée Itsanitaq, nous avons découvert une collection d’art inuit particulièrement éducative ! Elle comprend des centaines de sculptures, historiques et contemporaines, miniatures et de grandeur nature, qui illustrent le mode de vie des populations aux abords de la baie d’Hudson. On y vend également des livres et des souvenirs… où j’ai acheté une tuque « chaude pour l’hiver » ! L’église anglicane aussi est extraordinaire : datant de 1892, elle a une histoire particulière et ses vitraux sont magnifiques, de véritables œuvres d’art.

Puis, au Arctic Trading Company nous avons déniché des trésors d’artisanat local, tels que des articles perlés sur place, des mocassins, des mitaines et des bijoux. J’ai énormément de respect pour les personnes qui sont capables d’exécuter ce genre de tâches, avec autant de minutie et de délicatesse.

Pour finir, nous sommes allées passer du temps à la plage au bord de la baie d’Hudson, à quelques mètres de notre hôtel. Rien d’ordinaire là non plus ! Il y a deux ou trois ensembles de bancs placés en cercle autour d’un gros fire pit. Malgré les affiches incitant les gens à la prudence en raison de la possible présence d’ours polaires, l’ambiance est relax ! À côté, un bateau a été installé sur le sable exprès pour y monter afin d’observer les bélougas ou de se protéger contre les ours polaires tout en faisant un piquenique.

Devant l’inukshuk géant qui semble veiller sur la communauté, nous avons mis les pieds dans l’eau, le temps d’une photo (ok, 50 pour être franche !!). Elle est très froide, mais il faisait chaud (24 oC) et des jeunes se baignaient !!

Partout, on a rencontré des gens souriants, serviables et jasants, la plupart en français en plus !

Ce soir-là, notre départ vers Winnipeg était prévu pour 19 h 30, mais une urgence médicale parmi le personnel du train a fait en sorte qu’il fut annulé, remis au lendemain. Chanceuses, nous retournons coucher au même hôtel. C’est comme chez nous ! Avoir voulu rester plus longtemps, nous aurions même pu louer un logement pour 25 % de notre revenu. Tout le monde y a droit, et le prix du loyer est plafonné à 1200 $ par mois. En fait, je n’ai vu que cinq ou six maisons unifamiliales. Le reste, ce sont ces appartements de Manitoba Housing, peints de différentes couleurs, comme aux Îles-de-la-Madeleine. C’est invitant et je comprends les personnes qui ont décidé de prolonger leur séjour à Churchill de plusieurs mois ou années !

Quatrième partie : Churchill, jour 2 

Vendredi 26 aout… le clou de notre voyage : une excursion en gros buggy avec Frontiers North Adventures pour aller observer des ours polaires qui s’approchent des rives de la baie d’Hudson en attendant la formation de la glace en octobre et novembre. Notre guide, c’est Jim. Il a déjà fait du canot à Mattice !! Comme on dit maintenant, « ce n’est pas le monde qui est petit, c’est le Nord qui est grand » !!! 

Grâce à sa patience, son sens de l’observation et à son respect pour l’environnement, nous avons vu deux ours polaires. L’un d’eux se régalait d’une outarde sur le bord d’un étang. L’autre se baladait dans les buissons. De belles bêtes, vraiment !! À un moment donné, Jim a arrêté le véhicule pour laisser le temps aux passagers d’admirer celui qui jouait dans l’eau. Il en a profité pour nous servir de la soupe, des sandwichs et des biscuits. Ce souvenir restera gravé dans notre mémoire à tout jamais ! 

Il faut dire que la « vraie » saison pour voir des ours polaires est l’automne, alors qu’ils traversent le village en grand nombre pour converger vers la banquise. Ensuite, ces mammifères omnivores vivent sur la glace de la baie d’Hudson pendant tout l’hiver, où ils se nourrissent de phoques. Lorsque la glace fond, ils s’en vont sur la terre ferme et jeunent pendant environ quatre mois, survivant avec la graisse accumulée. De toute évidence, les changements climatiques les affectent énormément, car la débâcle plus hâtive signifie qu’ils ont moins de temps pour chasser et s’engraisser afin d’être en mesure de passer l’été sans manger. À noter qu’il faisait 24 oC lors de notre sortie pour les voir, ce qui n’est pas normal pour cette région nordique. 

Quant à la balade en buggy, elle m’a fait penser à nos randonnées en VTT : les sentiers cahoteux et les trous de boue sont semblables, sauf pour l’absence d’arbres, puisque nous sommes dans les marécages de la toundra. Ce véhicule est toutefois conçu pour protéger les humains de l’animal majestueux : les roues mesurent environ cinq pieds de haut… je passe facilement en dessous !! 

De retour au village, Gaëtane et moi avons sillonné à pied les treize rues pour admirer les murales peintes sur plusieurs édifices. Comme de raison, la plupart représentent des ours polaires et des bélougas, mais aussi des aigles, des aurores boréales et des fleurs… bref tout ce qui touche la nature autour cette municipalité, donnant l’impression que les résidents sont très fiers de leur environnement. 

Au début de 2021, j’ai participé au concours Les rendez-vous de la Francophonie annoncé dans le journal Le Nord. 

À ma grande surprise, je gagne le premier prix : un voyage en train VIA Rail d’une valeur de 3000 $ ! Puisque je suis bénévole aux Médias de l’épinette noire, j’ai cru bon de me donner comme « devoir » de rédiger un compte-rendu de mon aventure vers cette région nordique qui m’était encore inconnue, tout en observant le rayonnement de la francophonie autour de moi. Ce que j’ai constaté m’a souvent étonnée ! 

Au cours des prochaines semaines, je tenterai de vous faire vivre ce voyage par mes écrits.

Troisième partie : Churchill, jour 1 

À la gare de Churchill, un moment de nostalgie m’envahit puisque cette bâtisse ressemble à celle que nous avions à Hearst. Elle abrite un genre de musée qui raconte l’histoire humaine et naturelle de la région. Nous sommes accueillies chaleureusement par Emily, une fille de Winnipeg, toute contente de parler français. 

La gare est à trois minutes à pied de notre hôtel, le Polar Inn and Suites. D’ailleurs, tout est proche à Churchill. C’est une ville de 850 habitants, avec 13 rues, un magasin Northern et deux restaurants ainsi qu’un gros complexe municipal qui abrite le centre de santé, l’école, une patinoire, une glace pour le curling, une piscine, un gym, un théâtre, un terrain de jeu intérieur et la bibliothèque. 

À l’hôtel, c’est Aubrie, une autre francophone originaire de Winnipeg, qui nous reçoit et se dit très heureuse de vivre à Churchill. 

Notre premier après-midi est consacré à la visite de la région avec une guide aimable et enthousiaste, Rhonda Reid. 

Sur les roches, dans l’eau, à marée basse, qu’est-ce qu’on voit ? Notre premier ours polaire ! Il est passablement loin, mais Gaëtane et moi sommes émerveillées… un beau gros toutou blanc qui semble tellement inoffensif !!! Ce n’est pourtant pas le cas, et à preuve, les gens de Churchill laissent les portes des véhicules débarrées afin de trouver refuge en cas de besoin. Rhonda nous amène ensuite au parc national Cap Merry où son mari travaille, un gars du Nouveau-Brunswick qui a élu domicile à Churchill il y a plusieurs années, tout fier de converser avec nous en français. Elle nous a aussi fait voir les incontournables de l’endroit : l’épave Miss Piggy, un avion qui s’est écrasé là en 1979 ; et celle de l’Ithaca, un petit cargo échoué dans la baie en 1960 ; la prison des ours polaires où l’on garde ceux qui s’aventurent trop près des résidences, avant de les relâcher dans la nature ; l’observatoire des aurores boréales ; et l’ancienne base militaire, entre autres. Étonnant, tout ce qu’il y a à voir dans ce village si isolé, sans compter le paysage qui nous en met plein la vue : le ciel encore plus haut et plus bleu qu’à Hearst, l’eau à perte de vue, les roches laissées sur place après la fonte des glaciers, la toundra, les 270 espèces d’oiseaux… un spectacle vivant qui ne finit jamais ! 

Deuxième partie : de Winnipeg à Churchill 

Le prochain train nous amènera directement à Churchill, mais cette fois nous avons un wagon couchette puisque nous y passerons deux nuits, soit 46 heures, sur 1697 km. La chambre est très petite, mais le grand luxe avec des lits superposés, une toilette privée et un lavabo ainsi qu’une douche partagée ! Toutefois, nous passons la majeure partie de notre temps dans le wagon « dôme », d’où il est possible de mieux admirer le paysage. 

Hearst étant situé au 49e parallèle et Churchill au 58e, les arbres sont de plus en plus courts et rachitiques, pour finalement être pratiquement inexistants, laissant place à de grands espaces ouverts et des couchers ou levers de soleil fantastiques !! Colin est encore du voyage et il vient nous jaser souvent ! Nico, un autre jeune employé, s’occupe de notre chambre. Comme son collègue, il est de Winnipeg et parle très bien français. Lors d’une brève sortie à Dauphin, Jodie, la directrice des services de VIA Rail qui vient d’Edmonton s’adresse à nous en français. Je suis agréablement surprise. Elle raconte qu’elle a appris le français grâce à l’immersion française, malgré le fait que ses parents ne le parlent pas. Puis, sous le dôme, une jeune orthophoniste de la région d’Ottawa qui travaille à Canora en Saskatchewan nous explique son parcours qui l’a amenée dans ce coin de pays. Elle s’appelle Valérie Caza et connait Josiane Roy de Hearst ! 

La première nuit s’est bien passée… Le mouvement du train sur les rails m’a bercée toute la nuit. De plus, je me sens en sécurité dans mon entourage francophone de VIA Rail. 

Très tôt le mercredi matin, je vais me chercher un café dans la mini salle à manger, où je suis accueillie par Nico, Colin et le chef qui s’empresse de m’offrir à déjeuner, soit des oeufs ou des crêpes ! Herman, le géologue d’origine russe, est là et m’invite à sa table. On parle de température, de bouffe puis d’aventures qu’il a vécues et de celles à venir. Il a beaucoup voyagé, le monsieur ; ses connaissances et son vocabulaire sont impressionnants ! 

J’aime que les gens s’adressent à nous en français spontanément, sans gêne, avec plaisir, tout contents de « pratiquer » leur français !

Le chef dit qu’il ne parle pas français, mais on peut voir que notre conversation l’intéresse et il ajoute son « grain de sel » en anglais. 

Jusqu’à présent, je n’ai jamais eu le sentiment que quelqu’un était offusqué du fait que Gaëtane et moi parlions en français. 

À Thompson, un arrêt d’environ une heure était à l’horaire, ce qui nous a donné le temps de marcher jusqu’en ville. Plusieurs personnes ont ensuite monté dans le train, dont trois filles sur le party qui s’en vont à Churchill pour faire du kayak et voir des bélougas !! Aussi, une gentille jeune Autochtone qui retournait à Churchill après un voyage d’un mois au sud du Manitoba a raconté qu’elle apprécie le fait de pouvoir sortir une fois par année, que sa mère est enseignante, qu’on verrait probablement des ours polaires et que l’excursion pour observer des bélougas est « vraiment cool ». 

Finalement, le jeudi 25 aout à 10 h 30, terminus : Churchill !