le Dimanche 16 février 2025

Le Voyageur – « On essaie toujours d’augmenter notre visibilité. C’était ça un petit peu notre but, en 2023-2024. Je pense que ça va bien », disait Monique Génier, quelques heures avant l’assemblée générale annuelle du Rayon franco de Cochrane, le 18 juin. Le groupe, créé en 2018, revendique sa place et souhaite mobiliser la population francophone et francophile. Il rêve même de médias communautaires.

 

Par Andréanne Joly – IJL-Réseau.Presse-Le Voyageur

 

Monique Génier observe une mobilisation accrue depuis deux ou trois ans chez les francophones. Le Rayon franco de Cochrane a permis à sa directrice générale, aussi présidente du Club Amical 50+, de rencontrer des francophones qu’elle n’avait jamais croisés auparavant. Ils ont assisté à un spectacle ou se sont présentés au bureau pour acheter un drapeau vert et blanc. « Je trouve que c’est déjà ça : ils veulent indiquer leur fierté francophone. Donc, pour moi, c’est un indicatif que ça fonctionne. »

 

En 2023-2024, le Rayon franco a voulu multiplier des partenariats dans la communauté, afin de s’enraciner plus solidement. « Je pense qu’on a bien réussi », estime Monique Génier.

L’école catholique locale, Nouveau Regard, compte parmi les pièces maitresses de ces partenariats, poursuit la directrice. « On s’est aperçu qu’en ayant le lien avec l’école, on rejoignait beaucoup plus de parents, des jeunes en bas de 40 ans. Ça a permis à plusieurs francophones qui disaient toujours “ il n’y a rien à Cochrane pour nous autres ” d’avoir des choses. »

 

Par exemple, LGS (le groupe Swing) a présenté un spectacle à Cochrane autour de la Journée des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes, célébrée le 25 septembre. Les élèves d’immersion de l’école élémentaire publique de langue anglaise ont participé au lever du drapeau. Fin mai, le groupe de musique traditionnelle Les Fils du diable a présenté deux spectacles – un à la communauté, l’autre à l’école de langue française.

 

C’est d’ailleurs par une enveloppe de programmation de Patrimoine canadien s’élevant à 45 000 $ que ces activités peuvent être présentées, souligne Monique Génier.

 

La Ville : petit à petit

 

Elle poursuit : « Cette année, on a travaillé plus pour établir des partenariats avec la Ville. La Ville amène tranquillement des choses francophones avec notre appui ».

 

L’association avec le comité récréatif pourrait se solder en spectacle musical présenté par un groupe francophone lors de la Foire gourmande du nouveau BearFest, le 5 juillet. Le projet demeurait à confirmer au moment d’écrire ces lignes.

 

Le Rayon franco a par ailleurs pu installer un drapeau franco- ontarien à l’extérieur de la bibliothèque. « Là, il y a beaucoup de services francophones, et c’est une façon de l’indiquer », justifie Monique Génier. Heather Brouwer, coordonnatrice des programmes à la bibliothèque, le confirme : le tiers de la collection est en français, et entre le quart et le tiers des emprunts sont de livres en français.

 

C’est d’ailleurs à cet endroit que doit avoir lieu le lever du drapeau, le 25 septembre.

Il y avait déjà un drapeau près du rondpoint, à l’entrée de la ville, un site autrefois entretenu par la société d’horticulture de Cochrane. « Il n’y avait plus beaucoup de monde pour s’en occuper. Donc nous, on a dit : “ OK, on va s’en occuper’’ », rapporte Monique Génier. C’est devenu le « site franco » de Cochrane.

 

Objectif : médias

 

La visibilité du groupe passe aussi par un mensuel, lancé il y a quelques années par Raymond Génier. À l’origine, quelques pages étaient produites sur traitement de texte toutes les deux semaines. Le projet a rapidement pris de l’ampleur ; une étude de marché a été menée et le Rayon franco a décidé d’embaucher une rédaction en chef qui veillerait à la production de La Jazette.

 

Aujourd’hui, le Rayon franco s’inspire du mensuel Vivre+ de la Fédération des ainés et retraités francophones de l’Ontario (FARFO), accessible en ligne. « On n’est pas encore satisfait, dans le sens de la distribution. C’est pour ça qu’on forçait un peu pour avoir le site Internet », explique Monique Génier. Le journal est présentement distribué en format PDF par courriel et dans les réseaux sociaux. « On sait le nombre de personnes à qui on envoie le journal, mais on n’a aucune idée qui l’ouvre, qui ne l’ouvre pas. » Le site Internet permettrait donc un meilleur accès, et surtout, de compiler des statistiques. Le site devrait être en ligne à la fin de l’été.

 

Monique Génier caresse un autre rêve, qu’elle ose nommer : lancer une radio communautaire. « Parce qu’à Cochrane, on n’a pas de radio francophone », dit-elle. Elle poursuit : « Je ne sais pas si on est dans un trou ou quoi. La radio de Kap se rend à Smooth Rock [Falls] et la radio de Timmins, il faut aller par Internet. On n’a pas Le Loup. Dans mon auto, je suis capable d’avoir Radio-Canada. Il y a des nouvelles de Sudbury aussi, là, mais… »

 

Pourtant, conclut-elle : « On existe ! On existe et on n’est pas morts : on développe encore des projets. »

 

Photo : Un spectacle de musique organisé le 5 juillet par Rayon franco de Cochrane. – Page Facebook Rayon franco de Cochrane

Le Projet Palliatif + de l’hôpital Sensenbrenner de Kapuskasing prend forme. Grâce au financement du comité coopératif régional de la Caisse Alliance, une chambre de soins palliatifs et de soins bariatriques est en cours de préparation.

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Andréanne Joly – IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 Il s’agit de deux services en demande croissante, précise l’infirmière en chef de l’hôpital Sensenbrenner, Lucie Lamontagne.

Dans la dernière année, la chambre a accueilli graduellement l’équipement bariatrique (lève-personne, lit et chaise plus larges). Lucie Lamontagne estime que cet équipement occupe la moitié d’une chambre à quatre lits. La chambre a permis deux séjours, chacun de 4 à 6 semaines.

Il reste à veiller à l’élargissement de la salle de bains et de la porte, pour l’instant trop étroites. L’aménagement de la chambre pour « la rendre plus accueillante » est aussi à la liste des choses à faire, ajoute Lucie Lamontagne.

Soins palliatifs

La chambre bariatrique sera donc, aussi, une chambre de soins de fin de vie — la deuxième pour l’hôpital de 53 lits.

Une première chambre vouée aux soins palliatifs a été ouverte en 2017 à l’hôpital de Kapuskasing « grâce aux généreuses contributions du Club Rotary », a rappelé l’infirmière en chef lors de l’annonce du projet, en décembre.

Cette seule chambre ne suffit cependant plus à la demande. Dans la dernière année, précise Mme Lamontagne, 28 patients sont décédés dans la chambre et 37 ailleurs dans l’hôpital. Certains auraient pu aussi se retrouver dans la chambre, plus grande, pour accueillir les proches.

De telles situations forcent le personnel à décider quel patient en fin de vie — et quelle famille — y aura accès. Un processus lourd « pour les patients, les familles et le personnel », et qui engage le personnel médical, infirmier et administratif.

« C’est très difficile de départager », a admis Mme Lamontagne en entrevue au Voyageur. Heureusement, « il y a des familles qui décident de ne pas y aller. Ça rend la décision plus facile. »

La Caisse, alliée de la Fondation

La Fondation de l’Hôpital Sensenbrenner a annoncé le projet Palliatif + en décembre à la Caisse Alliance de Kapuskasing, qui a injecté les 111 000 $ nécessaires pour mener le projet à bien.

Ce don s’ajoute aux des 200 00 $ engagés depuis 2018 par l’entremise du comité coopératif régional de la Caisse Alliance. Ce nouveau don fait de la Caisse le second donateur en importance de la Fondation, derrière un bienfaiteur anonyme qui a jusqu’ici versé plus de 2 millions $ aux campagnes de l’hôpital et de sa Fondation, selon la gestionnaire de projets pour la Fondation, Mireille Dubosq.

« De telles contributions financières ont permis d’offrir de nouveaux services à nos patients ainsi que d’améliorer la qualité des soins », a rappelé en conférence de presse la directrice générale de l’hôpital France Dallaire, citant la tomodensitogramme, l’appareil de mammographie, le nouvel équipement d’échographie, le nouveau bloc opératoire, les services de chirurgie du cancer du sein et les rénovations de la pharmacie pour continuer d’offrir les services de chimiothérapie.

Maintenant, la Fondation s’attaque à l’aménagement d’une salle de naissance, qui prévoit un lit chauffant Panda et de la pouponnière, plus près des chambres de maternité.

BOITE DE TEXTE

« Une chambre palliative est généralement conçue pour offrir confort, soutien et dignité au patient pendant ses derniers moments de vie, à sa famille et ses amis. Elle permet aux familles de se réunir en privé. »

– Lucie Lamontagne, infirmière en chef, hôpital Sensenbrenner

BOITE DE TEXTE

Selon Statistiques Canada, 26,1 % des Ontariens de 18 ans et plus étaient considérés comme des personnes obèses selon les données de 2018. Au Canada, plus des deux tiers des adultes souffrent d’embonpoint ou d’obésité.

Photos : Hôpital Sensenbrenner

 À l’approche des Fêtes, quelles denrées devrait-on donner aux banques alimentaires du Nord ? Selon Banques alimentaires Canada, le prix des poitrines de poulet est passé de 12,58 $ à 15,35 $ le kilo de 2021 à 2022, une hausse de 21,7 %. Le kilo d’ognons, lui, a gonflé de 27 %. Un sac de 500 g de pâtes est passé de 2,54 $ à 3,00 $, une augmentation de 18 %.

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Andréanne Joly – IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

Les organismes parapluies des banques alimentaires dressent des listes d’aliments à donner pour soutenir les familles et les personnes qui doivent avoir recours aux banques alimentaires.

On retrouve des articles communs : beurres d’arachides, fruits, légumes et fèves en conserve, viandes ou poisson en conserve, soupes en poudre ou en conserve, ragouts et sauces en conserve, céréales, pâtes et riz.

L’expérience kapuskoise semble donner raison à ces listes générales. Mais il y a une réalité propre aux communautés du Nord. « Il n’y a pas beaucoup de familles avec des enfants qui visitent notre banque alimentaire », explique le bénévole Rick Bartlett, qui veille au fonctionnement de la banque alimentaire de Kapuskasing.

Que mange-t-on dans le Nord ?

Ici, outre les produits frais, les articles les plus populaires sont les plats préparés, comme les pâtes en conserve de type Chef Boyardee, le macaroni au fromage Kraft et la soupe Habitant — ou la « chunky », à Hearst.

Ces soupes sont chères, remarque Annie Rhéaume, du Bon Samaritain du nord à Hearst. « Je les achète en spécial. C’est 3 ou 4 $ la canne, sinon. »

Photo : Aaron Doucett sur Unsplash.

Au sommet de la liste apparait le ragout, à Kapuskasing comme à Hearst. « Surtout pour les personnes seules, indique Annie Rhéaume. Il y en a qui ne sont pas très cooks, ça les aide bien », illustre la bénévole.

« Beaucoup de nos clients [couples, étudiants ou personnes vivant d’une pension] ne préparent pas de mets complets, nutritifs, poursuit Rick Bartlett. Ces mets préparés ont une teneur élevée en protéines. Au moins, nous savons que nous leur fournissons des aliments qui offrent des éléments nutritifs qu’ils n’auraient pas, autrement. »

Photo : Ismael Paramo sur Unsplash

À Hearst aussi les pâtes, les sauces pour pâtes et le jus de tomates s’envolent. S’ajoute toute viande et tout poisson — en particulier le thon — dit-on du côté d’Espanola. Ce sont des produits, ici, qui s’inscrivent à la liste des besoins les plus importants.

À Kapuskasing, les déjeuners sont aussi à la liste des articles recherchés : les céréales, la confiture de fraises, le beurre d’arachides. À Espanola et à Nipissing Ouest, une autre réalité se profile : celle des enfants — ils représentent, au Canada, le tiers des utilisateurs des banques alimentaires. C’est pourquoi toute collation et aliment pouvant se glisser dans une boite à lunch sont les bienvenus.

De l’argent

Les dons en argent sont appréciés par les banques alimentaires. Cet argent sert à acheter les produits périssables. À Hearst, on parle en particulier de viande, d’œufs, de lait, de pain et de pommes de terre. « Beaucoup de gens préfèrent nous donner de l’argent. Ils nous disent : “ vous autres vous savez ce dont vous avez besoin ” », rapporte Annie Rhéaume.

Par ailleurs, le Bon Samaritain de Hearst a choisi, l’automne dernier, de modifier son système de distribution. La clientèle peut maintenant choisir ce qu’elle mettra dans son panier, les produits sont disposés sur des tablettes. « Jusqu’à septembre, on donnait des boites, explique le Bon Samaritain. Les clients n’avaient pas le choix [des produits]. »

L’initiative est positive, pas seulement pour réduire le gaspillage alimentaire, ce qui était le principal objectif de cette adaptation. « Ça crée de l’interaction entre bénévoles et clients, et entre eux. C’est presque une rencontre sociale », précise le bénévole Louis Corbeil.